Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

2016 : Bar Abba ; quand le brigand des Evangiles devient personnage de roman

Bar Abba ou Barabas est le meurtrier qui fut libéré à la place de Jésus à la demande de la foule juive. Yann Bijer, maître du roman historique en breton l’imagine militant contre l’occupation romaine : Re a zo re ! poent bras eo adsevel rouantelezh Israel a ziwar e ludu . (Trop c’est trop ! Il est grand temps de faire renaître de ses cendres le royaume d’Israel). Bar Abba est un Zélote, un patriote qui entre en résistance. En bon romancier, Yann Bijer glisse aussi dans le combat de l’ombre une belle histoire d’amour : Sara, gant he diweuz liv ar c’herez, he daoulagad voulouz-heñvel ha tener-gleb, he bizaj rous enframmet en ur seizenn glas-lin hag he zro-gouzoug, didrouz ouzh he c’herc’hen hag a ginnige da selloù ar paotr, lufr he meinigoù ruz-flamm. (Sara, avec ses lèvres couleur cerise, ses tendres yeux de velours, son visage bronzé enveloppé dans un foulard bleu, offrait au regard de l’homme l’éclat de son collier de pierres écarlates). Une idylle contrariée par les soubresauts de l’Histoire.

Le roman se termine tragiquement par le soulèvement juif écrasé dans le sang par les légions romaines de Vespasianus. Un diaoul kig hag eskern a oa anezhañ. Touet en doa e teufe gant e lejionidi da lakaat sezis war kêr Jeruzalem. Gant ar profeded e oa ar wirionez, skarzhet e vefe ar vro eus he foblañs ha kaset Israel en harlu da vat. Disoñjet omp bet gant Yahweh ! (C’était un diable de chair et d’os. Il avait juré que ses légionnaires prendraient Jérusalem. Les prophètes avaient raison, le peuple d’Israel serait chassé et envoyé en exil. Nous avons été oubliés par Dieu). Ce n’est pas le cas de Yann Bijer, divinement inspiré dans cette belle évocation historique.

Bernez Rouz 12 a viz C’hwever 2017.

 

Pennad orin / Texte original

Buanoc’h-buan e kerzhe. Treuziñ a reas porzh ar Jentiled evel un tenn. A-dizh hag a-drak e tiskennas gant pazennoù ar skalieroù a gase da draoñ-kêr. Pennfollet e oa. War-nes koll e skiant-vat. Seblantout a rae dezhañ klevout trec’hwezhadennoù ur c’hi-bleiz, sko ouzh e seulioù, tra ma kerzhe dre ar straedoù strizh. Taolioù lagad skoelf a gase en-dro dezhañ. Div pe deir gwech e kredas dezhañ spurmantiñ dremm Sara e-touez ar maouezed a zeue en arbenn dezhañ.

Kerkent e tiboukas war blasenn feunteun Siloe. Saveteet e oa. Evel ur bleiz o vont d’e doull, e c’hwistas gant an diri a gase da zindan ar poull. Erru eno, e-unan penn e oa, e chomas ur reuziad amzer, en e sav, da dennañ war e anal, gant e selloù goullo kollet e deun an dour. Gortoz a reas ken e vije aet tizh talmoù e galon war an digresk, neuze e tiwiskas e sandalennoù hag e dulban. Edo war-nes stouiñ, da strinkañ dour d’e dal, pa glevas en a-dreñv dezhañ mouezh ur vaouez o lavarout :

- Yeshoua ! Te an hini eo ?

Bar Abba, Pajenn 207

Troidigezh / Traduction

Il marchait de plus en plus vite. Il traversa la cour des nobles comme un éclair. A toute vitesse, il descendit les marches qui menaient au bas de la ville. Affolé, sur le point de devenir fou, il avait l’impression d’entendre le halètement des chiens-loups sur ses pas alors qu’il marchait dans les ruelles étroites. Il jetait des coups d’œil hagards autour de lui. Deux ou trois fois, il crut reconnaître le visage de Sara parmi les femmes qu’il croisait.

Tout d’un coup, il déboucha sur la place de la fontaine de Siloé. Il était sauvé. Comme un loup qui rejoint sa tanière, il dévala les marches jusqu’à la mare. Arrivé là, seul, il resta debout un certain temps pour reprendre sa respiration, ses yeux vides se perdaient au fond de l’eau. Il attendit que son coeur eût repris un rythme normal, alors, il enleva ses sandales et son turban. Il s’apprêtait à se pencher pour s’asperger d’eau quand il entendit derrière lui la voix d’une femme :

- Yeshoua, C’est bien toi ?

Bar Abba , page 207.

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Brezhoneg :

Bijer (Yann), Bar Abba, Emb. Al Liamm, 2016, 276p.
https://br.wikipedia.org/wiki/Yann_Bijer
http://alliamm.bzh/pennad_Bijer.php?AL=lenn&p=13
https://alennebrezhoneg.wordpress.com/2017/01/18/bar-abba-yann-bijer-2016/

Français :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Yann_Bijer
http://languebretonne.canalblog.com/archives/2012/10/16/25352260.html