Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1936 : La Pastorale de Poullaouen

1936 : Dernière représentation de La pastorale de Poullaouen une tradition théâtrale ancestrale autour de Noël

La mise en scène des grands événements de la vie de Jésus est une tradition médiévale qui a survécu jusqu’à la dernière guerre mondiale dans les Monts d’Arrée. La pastorale de Poullaouen connue sous le titre Pastoral war guinivelez Jezus-Christ (Pastorale sur la naissance du Christ) était déclamée et chantée par des acteurs du cru. Parmi la trentaine de figurants, bergers et bergères, étaient les plus nombreux d’où le nom de pastorale donnée à ces représentations théâtrales entrecoupées de Noueloù (Chants de Noël). Les indications scéniques sont sommaires : ur c’hrañch en korn pehini a vez graet un espes kraou. Dor ar c’hrañch a vo an ostaleri war a behini Mari ha Josef a sko evit goulenn lojañ. Josef a gle konduiñ un azen sammet a oustilhoù ur c’halvez, un ael bennak a vo en ur c’horn hag en un all pastored a sortio eus a-dreñv an tapisiri (une grange où on mettra une espèce de crèche. La porte donnera sur l’hôtellerie où Joseph et Marie demanderont à loger. Joseph conduira un âne chargé d’outils de menuisier, un ange se trouvera dans un coin et dans l’autre coin des bergers sortiront de derrière la tapisserie). Dans ce décor biblique, le message des acteurs est simple :

Ur bugel eo a-nevez ganet,
war un dornad foenn eo gourvezet,
Mailhuret eo gant kozh lienoù,
Diouzh alan daou loen e tomma,
Ganet Roue deomp ha d’an Eñvoù

(Un enfant vient de naître, Il est allongé sur du foin, Il est emmailloté de vieux draps, Le souffle chaud de deux animaux le réchauffe, Voici notre Roi qui est aussi Roi des cieux).

Comme il se doit il faut de l’action : Lucifer intervient taclé par l’archange Mikael : A-dreñv an tapisoù e kuzher ur personach gwisket e-giz un diaoul hag a ra hurlamanchoù spontus ; redeg a ra war an teatr a-raok an Arc’hael pehini a sko gant e gleze en ur lavaret : Kuitait diaouloù milliget eus ar plas teñval-mañ ha retornit buan da foñs an ifernioù !

(Derrière les tapis, on cache un personnage hurlant, habillé en diable, il court sur la scène poursuivi par l’archange Mikael et son épée : « Quittez ce lieu sombre, maudits diables et retournez au fond des enfers ! ».

Succès garanti ! Mais ne croyez pas que ça se passait à l’église, les trois dernières représentations dans les années 30 eurent lieu à la gare, dans un dancing puis à la salle municipale. Le théâtre populaire était bienvenu au temps du Front Populaire !

Pennad orin / Texte original

(Ar Werhez war he daoulin a zalc'h ar Mabig-Jezuz etre he divrec 'h, hag a lavar gand joa)

0 neñvou ! Entre va daouarn e talc'han
Va Doue, va c'hrouer ha Salver ar
 bed-mañ.

(E lakaat a ra war ar foenn, ha Jozef a gri)

Didostait oll da gemer lod euz ar joaioù
Hag euz al laouenidigez deuet deomp euz an neñvoù.

(Ar Werhez a ador he Mab).

Daoust d'an holl boanioù am eus bet er bed-mañ,
Euz a greiz va c'halon me 'rent grasoù dezañ.
Te a zo sur va mab ha Doue oll-buisant
War an oll aelez e-barzh ar
 firmamant ;

Me a ador ive da gwir nativite,
Hag a rent dit grasoù gand gwir humilite
Me a ador ive da buisañs eternel,
Hag e-pad ma vevin me a vo dit fidel.

(Jozef war e zaoulin).

Ha me oc'h ador ive euz a greiz va c'halon,
Hag o c'heneo evid va mab Roue an tron ;
C'hwi ez eo on tad, or Zalver adorabl,
Hennez zo eur mister a zo inkomprenabl,
Penaoz jamez kompren ho pije bet c'hoanteet
E vijec'h bet biken en em humiliet
D'am c'hemer 'vid ho tad evid antren er bed
Ur pezh braz a amzer eo bet ouzin kuzhet ;
Mez p'o 'peus va choaset evid bezañ ho tad,
Me ho servicho sur demeus a galon vat.

 

Troidigezh / Traduction

(La Vierge à genoux tient l'enfant Jésus dans ses bras et dit avec joie :)

Oh cieux ! Entre mes mains, je tiens
Mon Dieu, mon créateur et le sauveur de ce monde.

(Elle le met sur le foin, et Joseph crie :)

Approchez tous pour prendre part aux joies Et à l'allégresse qui nous viennent des cieux.

(La Vierge adore son fils :)

Malgré toutes les souffrances que j'ai eues en ce monde,
Du fond du cœur je lui rends grâce ;
Tu es certainement mon fils et Dieu tout puissant
Surtouslesangesdanslefirmament ;

J'adore aussi ta vraie naissance,
Qui te rend grâce avec une grande humilité
J'adore aussi ta puissance éternelle,
Et tant que je vivrai, je te serai fidèle.

(Joseph à genoux :)

Et je vous adore aussi du fond de mon cœur,
Vous, qui êtes venu au monde comme mon fils,
Roi du trône ; C'est vous notre père, notre adorable sauveur,
Cela est un mystère qui est incompréhensible,
Comment un jour comprendre que vous ayez désiré,
Que vous vous soyez à jamais humilié
A me prendre pour votre père pour venir au monde ;
Pendant longtemps cela m'a été caché ;
Mais puisque vous m'avez choisi pour être votre père,
Je vous servirai certainement de bon cœur.

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Peaudecerf Herve Pastoral war guinivelez Jesus Christ http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/e3e5c7d7cccc25d3e705cb47087c28b4.pdf

BBC : Enrolladur 1951 : http://research.culturalequity.org/get-audio-detailed-recording.do?recordingId=7201

Caouissin H.-Roparz E.  Mister Nedeleg, in Feiz ha Breiz , Genver 1940, p19-28
https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-feizhaBreiz/FeizhaBreiz_1940.pdf

Le Menn (Gwenole), Histoire du théâtre populaire breton, Skol, 1983

Favereau (Francis), Anthologie de la litterature bretonne Tome 1. Emb. Skol Vreizh, p 234-237

Chotzen (Th), Une survivance des mystères en Bretagne, la Pastorale de Poullaouen, in Philologus, 1941&1942.

Malrieu (Patrick), La pastorale de Poullaouen, in Musique Bretonne N°249-250.