Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1895 : L’hymne gallois devient breton

C’est un tisserand gallois et son fils qui créèrent en 1856 cet hymne à la terre natale. Cette mélodie Glan Rhondda (Les rives de la rivière Rhondda) devint rapidement populaire dans le réseau des chorales galloises. Son titre trop local fut remplacé par la première strophe Hen wlad fy nhadau (le vieux pays de mes pères).

C’est le pasteur protestant gallois de Quimper W.J. Jones qui adapta le premier ce chant en breton sous la forme d’un cantique Doue ha va bro (Dieu et mon pays) publié en 1895. Peb breizhad tomm-galon a gar mat e vro, Bro Arvor ‘zo brudet dre ‘r bed tro-war-dro ; Er brezel kalonek, hon tadoù ervat A skuilhas eviti o gwad. (Chaque breton de cœur aime son pays. L’Armor est connu de par le monde. Courageux dans les guerres, nos aïeux versèrent leur sang pour lui). Cette version religieuse protestante n’avait aucune chance d’être popularisée vu la prépondérance écrasante de l’église catholique à l’époque.
Une autre version écrite par François Jaffrennou fut publiée dans un journal catholique de Morlaix en 1898 : Breizh douar ar sent kozh, douar ar varzhed, N’eus bro all a garan kement ‘barzh ar bed. Pep menez, pep traoñienn, d’am c’halon zo ker, Eno ‘kousk meur a Vreizhad taer (Bretagne, terre des vieux saints, des bardes, Il n’est d’autres pays au monde que j’aime autant. Chaque montagne, chaque vallée sont chères à mon cœur, Là dorment plus d’un breton héroïque !).

Le Bro Gozh, symbole des relations interceltiques, est adopté comme « chant national breton » par L’Union Régionaliste Bretonne en 1903. Le refrain rappelle que la mer n’est pas un obstacle mais un lien entre les peuples : O Breizh, ma bro, me gar ma bro. Tra ma vo mor ‘vel mur ‘n he zro, Ra vezo digabestr ma bro ! (Ô Bretagne, mon pays, j’aime mon pays. Tant que la mer sera comme une frontière autour d’elle, Que mon pays s’en affranchisse ! ).

Dépassant rapidement les cercles militants, il devient très populaire entre les 2 guerres : Le Maréchal Foch en 1920 à Morlaix, puis plusieurs présidents de la République sont accueillis aux accents du Bro gozh. Consacré récemment à Rennes, par l’émouvante interprétation de l’Orchestre symphonique de Bretagne. Les Gallois, les Cornouaillais, les Bretons et le peuple Khasi en Inde peuvent être fiers de leur hymne commun à l’accent humaniste et international.

Pennad orin / Texte original

Doue ha va bro

diskan :

O va mamm-vro ! Karet a ran va bro,
Keit ma vo 'r mor, vel mur en dro,
Ra vezo libr atao va bro.

Peb breizhad tomm-galon a gar mat e vro,
Bro Arvor 'zo brudet dre 'r bed tro-war-dro ;
Er brezel kalonek, hon tadoù ervad
A skuilhas eviti o gwad.

Bretoned, tud kalet, 'vel derv int kreñv,
Bro-Breizh eo ar gaerañ 'zo dindan an neñv ;
Pep menez, pep traoñienn a garomp ervat,
Hon tadoù o livas a wad.
(...)

Sav uhel da vanniel, o Breizh ! En a-raok !
'Vit gounid pep vertuz, hag enno chom krog ;
-Sklerijenn, karantez, lealded d'an holl,
Da vrud ne d ay biken da goll.

Enoret out bet gant da vibien gwechall,
En amzer da zont az po c'hoazh mibien leal,
Dre-holl evel bleunioù, pep vertuz 'vo stank,
Bez atab benniget ha frank.

William-Jenkins Jones
Telenn ar C'hristenien (Kantik 77).
(Hep an div werzenn enep alkolok).

Troidigezh / Traduction

Dieu et mon pays

refrain

O ma terre maternelle !  J'aime mon pays,
Tant que la mer servira de limite autour de lui
Que mon pays se sente libre toujours.

Chaque breton de coueur aime son pays
Le pays d'Arvor est connu de par le monde ;
Dans les guerres, nos aïeux courageux
Versèrent pour lui leur sang.

Les Bretons sont solides et forts comme le chêne
La Bretagne est le plus beau pays sous le ciel ;
Nous aimons chaque mont, chaque vallée,
Le sang de nos ancêtres les a marqués.
(...)

Lève haut ton étendard, O Bretagne ! En Avant !
Pour gagner et conserver ses vertus
Lumière, Amour, Fidélité pour tous
Ta bonne image ne se perdra jamais.

Tu as été honoré dans l'histoire par tes fils,
Demain tu auras encore des enfants fidèles
Partout  fleuriront abondemment tes vertus
Soit toujours bénie et libre.

William-Jenkins Jones
Telenn ar C'hristenien, 1895, Cantique 77
Manque les deux couplets anti alcooliques.

 

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Brezhoneg

Jones (William-Jenkins), Telen ar c'hristen, Kemper, 1895.
Jaffrennou (François), An Delen Dir, Sant Briec, 1900
Wikipedia : https://br.wikipedia.org/wiki/Bro_gozh_ma_zado%C3%B9

Français

Bodlore-Penlaez (Mikael), Bro Gozh ma zadoù, l'hymne national breton, Coop Breizh, 2015.
Chartier-Le Floc'h (Erwan) Histoire de l'interceltisme en Bretagne, Coop Breizh, 2013
Favereau (Francis) Anthologie de la littérature bretonne au XXème siècle, T.1 Skol Vreizh, p. 63-94.
Raoul (Lucien), Un siècle de journalisme breton, Le Signor, 1981
Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bro_gozh_ma_zado%C3%B9

English
wikipedia : 
https://en.wikipedia.org/wiki/Hen_Wlad_Fy_Nhadau