Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1807 : Le Gonidec, le “père du vrai breton”

Né au Conquet en 1775, Jean-François-Marie-Maurice-Agathe Le Gonidec, fit carrière comme fonctionnaire dans l’administration des forêts. Membre de l’Académie celtique, il publie en 1807 une grammaire bretonne qui révolutionne l’écriture du breton calquée jusque là sur l’orthographe anarchique du français. Son principe est : une lettre = un son. Ainsi il écrit /K/ ce qui en français s’écrit de onze façons : K, C, Q, QU, CH, CK, CC, KH, CQ, CQU, CCH. Par exemple, il écrit kaer (beau) pour « caer », kere(cordonnier) pour « quéré », kiger(boucher) pour « quiguer », Kemper  pour (Quemper) . Il choisit /S/ au lieu des écritures S, SS, SC, C, CC, Ç. C’est depuis que l’on écrit sirk pour cirque, sorserez remplace sorcerez, Scaezre s’écrit Skaer. La lettre G se prononce toujours de façon dure devant toutes les voyelles ainsi Gad signifie lièvre, Genou, bouche, Gemene est la ville de Guéméné.

Le Gonideg revitalise aussi la langue à partir de la richesse des parlers locaux : il préfère

dibab (choisir) à choaz, il préconise l’emploi de yezh (langue) à langaj.Cet effort de purification de la langue écrite envahie à l’époque par les mots français marque durablement les lettres bretonnes jusqu’à nos jours : Fellet eo bet din tennañ diouzh un dismantr didec’hus yezh hon tadoù pehini a roe dezho kement a nerzh (J’ai voulu tirer d’une ruine inévitable la langue de nos pères qui leur donnait tant de force).

Il prône le c’h pour rendre le son /ch/ allemand ou /j/ espagnol et propose avec malice cet exercice de prononciation : C’hwerc’h merc’h gwerc’h war c’hwec’h sac’h kerc’h war c’hwerc’h marc’h kalloc’h (Six filles vierges sur six sacs d’avoine sur six chevaux entiers)
Il conserve le ñ utilisé en breton depuis le Moyen-âge mais tombé en désuétude en français. Enfin il est le premier à utiliser le zh dans les prépositions conjuguées comme dezhi, anezhietc.

Léonard, Le Gonideg privilégie son parler local et le considère comme le bon breton. Il positionnera pour de longues années le dialecte Léonard comme la forme classique du breton. Au Conquet, sur sa tombe surmonté d’un peulvan (pierre levée), on peut lire ceci : Den gouiziek ha fur, tad ar gwir brezhonek (Homme savant et sage, père du vrai breton).

Même si tous ne suivirent pas ses propositions orthographiques, ses principaux choix guident toujours le breton écrit actuel.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Oberennoù ar Gonideg / Les principales oeuvres de Le Gonidec