Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1914 : Sailhomp betek Berlin ! Fonçons sur Berlin !

La guerre 14-18 a dans sa folie meurtrière inspiré beaucoup d’écrits en breton. Nous consacrerons les prochaines chroniques à ces textes, véritable témoins de cette tragédie
humaine où 140 000 bretons ont laissé leur vie.

A peine la guerre déclarée, les chansonniers bretons rivalisent d’ardeur patriotique. Le plus déterminé est sans doute Charles Rolland de Guerlesquin qui signe par un martial « Prest dont d’ar brezel » (prêt à aller à la guerre), une Marseillaise des Bretons dès le 3 Août 1914, c’est-à-dire le jour de la déclaration de guerre.

War Sav ! D’an tan paotred Breizh Izel
Kalon breudeur ! ha prim d’an arme
Ni vo trec’h d’hon enebourien
Hag emberr ni zistroio gant Lore
(Debout, au feu gars de Bretagne, Courage frères ! engagez vous rapidement, Nous vaincrons nos ennemis, Et bientôt nous reviendrons avec les lauriers !)

Pour convaincre ses compatriotes, il n’hésite pas à traiter les ennemis de tous les noms : chas kounnaret(chiens enragés), tud euzhus(horde exécrable),  saovajed(sauvages),
Tud kriz, divezh ha ken disakretqu’il traduit par « Vrais forcenés, bouffis d’audace !)
Bien entendu, dans la rhétorique guerrière, les soldats français et particulièrement les Bretons sont exemplaires : A-du gant ar gwir hag ar furnez, ni c’hell brezeliñ sonn hor penn ! Difennomp frankiz ar pobloù kaezh, o terriñ nerzh ar gwaskerien(Marchant pour le droit et la justice, nous pouvons batailler sans peur, pour que le faible ne périsse ; brisons l’arme de l’oppresseur).
L’optimisme est tel avant que commencent les combats qu’il ajoute trois couplets à son chant de guerre : Betek ar Veljed, leun a c’haerder ! a ra d’ar muntrer bras tec’hel ! A-bep tu ‘tab taolioù mervel, kalon an holl zo leun a esper (Jusqu’aux Belges plein de vaillance ! refoulent le monstre Teuton, qu’on attaque partout de front ! et nos cœurs vibrent d’espérance)

Le nouveau refrain qu’il édite sur feuilles volantes avait tout pour plaire aux autorités :
Buhez d’ar Belj, d’ar Frañs, d’ar Rus ha da Vro Saoz ! Hag holl a-bezh, trec’h dreist ar Rhin ! Sailhomp betek Berlin !
(Vive Belges et Français, Russes et Anglais, Tous en choeur avec entrain, Fonçons jusqu’à Berlin !
Un enthousiasme douché dès les premiers combats à Maissin en Belgique. On en parlera dans la prochaine chronique.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Rolland (Charles) La marseillaise des Bretons, in Kan.bzh :   https://fv.kan.bzh/chant-00949.html

Favereau (Fransez) Anthologie de la Littérature bretonne du XXème siècle, Skol Vreizh, 2001, pp 262-271

Raoul (Lukian), Geriadur ar skrivagnerien ha yezhourien, Al Liamm, 1992, P. 369

Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Rolland_(musicien)