Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1936 : Nedeleg er Marok (Noël au Maroc)

En 1936 l’Ouest-Éclair recrée une chronique en langue bretonne baptisée Korn ar Brezhoneg(Le coin du breton). Celui-ci sous la responsabilité de Léon Le Berre est largement ouvert à toutes les contributions. Pour Noël, c’est un léonard, Yves Tillenon,

sous son nom de plume Al Louzaouer(Le guérisseur), qui nous fait vivre un Noël au Maroc : Amañ an traezh, ar mein, a zo berv. Bleud traezh munut arc’hantet gant an heol devet a stag ouzhomp a zall hon daoulagad a ro debron d’ar c’hein ! (Ici, le sable, les pierres, sont bouillants. Du sable fin brulant nous colle à la peau, nous aveuglent et nous lacère le dos). C’est spécialement à Noël, fête du regroupement familial que le mal du pays frappe : Va spered a glask rememoriñ ar Pellgent e Bro Leon : Mor an Aber-Ac’h pe Lilia zo kant gwech laouenoc’h eget ar mor traezh. Hag e Leon erc’h a gouez ! en oaled bras lann ha raden a lak tommder er c’halonoù ; ar mabig zo ganet en ur c’hraou en disheol ! Ha ni zev ! N’hon eus na ti na toenn nag hent na dour da evañ ! (J’essaye de me remémorer la nuit de Noël dans le Léon : La mer de l’Aber-Wrac’h ou de Lilia est cent fois plus joyeuse que la mer de sable. Et il neige ! dans la cheminée la lande et la fougère réchauffent les cœurs  … et le petit Jésus est né dans une crèche à l’ombre ! Nous on brule, on n’a ni maison, ni toit, ni route, ni eau à boire !)

Curieux, trois bretons essayent de savoir si on fête Noël chez les Marocains :

Ur gouel Islam zo ivez e Missour. Ur mirador a zo eno henvel ouzh tour diveget Landeda. Ur muezzin a-bouez-penn a c’halv an dud d’ar bedenn-noz : « Allah ! Allah ! eo mestr ar bed, ha Mohamed eo e brofed … ». Ni hon tri a respont a-unvouez  evel en iliz Lanniliz « Gloar da Jezus, meuleudi d’e anv ».

Il y a aussi une prière de l’islam à Missour. Du haut d’une tour sans flèche qui ressemble a celle de Landeda, un Muezzin appelle à la prière du soir « Allah est le maitre du monde et Mohamed est son prophète … » et nous de répondre comme dans l’église de Lanniliz « Gloire à Dieu, Louange à son nom… ».

Mais le clairon bat le rappel et le réveillon des militaires bretons exilés est bien triste : Tremen a ra ivez  Nedeleg ar Vretoned e Outad El Haj, pell diouzh ar vro garet. Setu koan ar Pellgent : ar gamel, rata, riz hag « alma » eus an irvinenn (Le Noël des Bretons à Outad El Haj, loin du pays adoré se termine par un réveillon dans la gamelle : rata, riz et eau de la gourde !

Pennad orin / Texte original

Yves-Marie Tillenon
1884-1943

Troidigezh / Traduction

Kartenn bost gozh eus Missour (Bro Varok)

Carte postale ancienne de Missour au Maroc

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Tillenon (Yves-Marie) (Al Louzaouer), Pellgent ur breizhad er Marok,  https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k660751x/f4.item
Raoul (Lukian), Tillenon Yves-Marie, in Geriadur ar skrivagnerien ha yezhourien, p. 396, Al Liamm, 1992.
Yves Tillenon : http://site.tillenon.com/index.php?id=36