Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1929 : Menace anglaise sur la fraise de Plougastel

1929 : La fraise de Plougastel menacée par les Anglais

 

Début Juin 1929 c’est la consternation à Plougastel-Daoulas. Les Britanniques veulent fermer leurs frontières aux  fraises françaises : Ne vezo mui aotre da antreal e bro Saoz ar sivi eus kostez Lyon abalamour emaint re sur ha ma en em gavont e kondisionoù fall.( On ne pourra plus exporter les fraises de Lyon parce qu’elles sont trop acides et mal conditionnées).

Plougastel produit à l’époque le quart des fraises de France ; la peur d’un embargo gagne les esprits : Plougastelliz, ar pezh zo en em gavet gant ar re mañ a zo war nez degouezout ganeoc’h. Kement-se, n’eo ket ‘ta Mignoned a vez ur maleur evit ar barrez ( Gens de Plougastel, ce qui s’est passé pour les Lyonnais est sur le point de nous arriver. Ceci serait une catastrophe pour la commune).

C’est donc par un tract en breton que les trois exportateurs : Union, Shippers et le syndicat local, interpellent les producteurs de fraises : Ha c’hoant ho peus da welet ar Saozichien o prenañ o sivi ? Ha c’hoant ho peus da gendelc’her ur c’homers hag a zo pinvidigezh ar barrez ? Ha c’hoant ho peus e c’hellfe ho pugale, war ho lerc’h, plantañ sivi evel m’o deus graet ho tud kozh ?(Voulez-vous que les Anglais achètent vos fraises ? Voulez-vous continuer ce commerce qui fait la richesse de la commune ? Voulez-vous que vos enfants continuent à cultiver des fraises comme vos aïeux ?).
La fraise blanche du Chili croisée avec la fraise rouge de Virginie fit la fortune de Plougastel dès le XIXème siècle et supplanta la sivienn, fraise rustique connue des dictionnaires bretons dès 1499.

Le ton dramatique du tract veut inciter les producteurs à présenter de la qualité : An holl a oar eo nesesser fournis marc’hadourezh vat ! N’eo ket c’hoazh re ziwezhat, mes poent eo, grit sivi mat, renket brav, evel evit mont d’ar marc’had hag e vezint gwerzhet mat, e vezoc’h kontant ! (Vous savez tous qu’il faut produire de la qualité. Ce n’est pas trop tard, faites de belles fraises, bien présentées comme pour aller au marché, vous en tirerez un bon prix et vous serez contents.)

Ces efforts ne furent pas récompensés puisque l’export vers la Grande-Bretagne (1500 tonnes/an dans les années 20) a souffert de la crise économique des années 30 suivi de la guerre, avant de retrouver une nouvelle jeunesse aujourd’hui.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Postic (Fañch), Fraise in dictionnaire du patrimoine breton, Rennes, PUR,2013, p. 421
Perrono (Thomas), Quand Plougastel ramène sa fraise, En Envor, http://enenvor.fr/eeo_actu/argoat/quand_plougastel_ramene_sa_fraise.html

Chartier-Le Floc'h (Erwan), 1750, la fraise prend à Plougastel
http://ablogjeanfloch.over-blog.com/article-1750-la-fraise-prend-a-plougastel-81394625.html