Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
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1814 : Le testament de Louis XVI publié en breton

A peine Louis XVIII réinstallé sur le trône de France, l’évêque de Quimper décide de célébrer en sa cathédrale un service solennel en l’honneur de Louis XVI guillotiné pendant la Révolution. Il publie dans le très officiel Journal administratif dudépartementdu Finistèrele testament de Louis XVI en français et en breton : Me Loiez c’hwezekved, Roue a Frañs, o vezañ pevar miz ‘zo prizioner gant va familh en tour eus an Templ, o kaout hepken evit test eus va sonjezennoù Doue, e tisklerian amañ va bolontezioù diwezhañ (Moi, Louis XVI, roi de France, prisonnier avec ma famille depuis 4 mois dans la tour du Temple, ayant pour témoin Dieu, je déclare ici mes dernières volontés).

La lecture du testament en breton arrache « des larmes abondantes des yeux d’un nombreux auditoire » nous dit le Journal officiel du département. Parmi les recommandations du roi, le sentiment d’avoir fauté en signant la Constitution civile du clergé : Ar c’heuz don ha c’hwerv pehini am eus da vezañ sinet a-enep va bolontez actoù pere a c’hell bezañ kontrol da reizhoù ha da gredenn an Iliz katolik (le regret profond et amer d’avoir signé contre ma volonté des actes qui vont contre les lois et les croyances de l’église catholique).

Le testament poursuit par des conseils à son successeur, son fils qui ne régnera jamais : Rekomandiñ a ran d’am mab, mar en deus ar maleur da vezañ Roue da soñjal penaos en em dle holl da eürusted e bobl, penaos e tle mougañ peb santimant a gasoni evit pezh a sell ouzh ar poanioù a anduran, penaos ne rento e rouantelezh evurus ma n’e gouarn hervez al lezennoù (Je recommande à mon fils, s’il a le malheur de devenir Roi, qu’il se consacre entièrement au bonheur de son peuple, qu’il évite d’en vouloir à ceux qui m’ont fait de la peine et qu’il gouverne son royaume selon ses lois).

C’est donc Louis XVIII, le Désiré, qui mit en pratique la monarchie parlementaire actée par la Charte constitutionnelle de 1814.
Le monarque déchu termine très chrétiennement en pardonnant à ses bourreaux : Pardoniñ a ran d’ar re am diwall, o gwall dretamantoù hag ar feson m’o deus va enkrezet. Ra zeuint da jouisañ en o c’halon eus ar peoc’h a dle prokuriñ dezho o feson da soñjal. (Je pardonne à mes gardiens, leurs mauvais traitements et la façon dont ils m’ont tourmenté, Qu’ils jouissent dans leur cœur de la paix que procure leur façon de penser). Ce testament fut lu en breton dans toutes les paroisses sur ordre de l’évêque. C’était du temps où les prêtres étaient fonctionnaires d’état.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Testamant Loys C'huezecvet eus an hano, in Bulletin administratif du département du Finistère, N°212 19 juillet 1814, Archives du Finistère 3 K 212

Guers ar Franç delivret, in Kan.bzh