Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1640 : Buhez Jenovefa a Vraban / La vie de Geneviève de Brabant

Buhez Jenovefa a Vraban est considéré comme le plus beau texte breton du 17ème siècle. Jenovefa est mariée à un haut dignitaire qui doit rejoindre les armées de Charles Martel en guerre contre les musulmans :  ouzh ar serasined tud barbar ha kruel, ni zo gwir kristenien ha ni a zifenno hon aoterioù hag hon ilizoù (contre les Sarrazins cruels et barbares, nous, vrais chrétiens, nous défendrons nos autels et nos églises). L’intendant chargé de veiller la princesse enceinte tente sans succès de la séduire. Pour se venger, il prétend que le nouveau-né est adultère. Jenovefa et son fils sont emprisonnés : kreviñ ‘ra gant glac’har, aon meus ne varvo, gant hirvoud ha gant doan he c’halon a ranno. N’en deus den p’he gleve, na dlefe teurvezout dre gompasion gwir sellet ouzh he hirvoud (Elle se meurt de chagrin, Son coeur se fend de tristesse et de douleurs, quelqu’un s’il l’entendait ne supporterait son désespoir). On dirait du Corneille !
Les soudards chargés de les tuer n’en ont pas le courage ; la princesse et son fils se réfugient  en forêt, nourris par le lait d’une biche : Ur ruzulig dour a glevan o trouzal, Setu kavet un tu da asten hor buhez, Setu drein ha spern war dro ar c’havern-mañ, amañ e kavfemp hon ti ; Un heizhez a zeu d’o c’hat, leun eo he zez a laezh dous d’am mab da denañ (J’entends le ruissellement de l’eau, cela nous aidera à survivre ; voici des ronces et des épines à l’entrée d’une caverne, ce sera notre nouvelle maison ; une biche vient à nous, son pie est plein de lait doux pour nourrir mon fils).
Sept ans après, le prince revient sur ses terres et découvre lors d’une chasse, femme et enfant : A ma Jenovefa ! Ha c’hwi a welan-me ? Pebezh eurvad goude huanadiñ, Pardonit p’ho pedan, Ma bermetit nep tu ma welin va bugel (O ma Geneviève ! c’est bien vous que je vois là ? Quel bonheur après avoir tant langui. Pardonnez-moi s’il vous plait et permettez-moi de voir mon fils). La princesse magnanime lui fait une réponse magnifique : Faziet hoc’h eta, met ho fazi a zo pardonet, A-greiz va c’halon e pardonan da gement den en deus prokuret nep reuz din (Vous vous êtes trompés, mais je vous pardonne, du fond de mon coeur je pardonne à tous ceux qui m’ont causé quelqu’ennui). Les manuscrits de Jenovefa ont fait l’objet d’une thèse de mille pages soutenue à Dublin par Gwenaël Le Duc. Un véritable trésor linguistique et littéraire.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Brezhoneg :

An Dug (Gwenael), Buhez Genovefa a vrabant, Tir, Roazhon, 2008
Ar Prat (Glaoda), Genovefa a vraban, Emgleo Sant Iltud, 1926.
Le Goffic (Embanner), Buez santez Genovefa, Tragedienn en try act gant eur proloc en pep act, 298p, Lannion, 1864.
Hemon (Roparz), O klask hol lennegezh kozh, in Al Liamm, niv 32-33, 1952, pp 1014-125.
Wikipedia : Jenovefa a Vraban, https://br.wikipedia.org/wiki/Jenovefa_a_Vraban

Français
Le Duc (Gwenael), La vie de Geneviève de Brabant, étude critique du plus ancien texte breton, 1094p, Thèse dactilographiée, Dublin, 1983
Le Duc (Gwenael), La vie de Geneviève de Brabant : la langue comme écran et révélateur, in La Bretagne Linguistique, 1985, Brest, pp 263-275.
Le Duc (Gwenael), Geneviève de Brabant, la rime interne, moteur de l'action dramatique, in Klask, L.I, 1989 pp 69-87.