Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

2020 : messe trilingue en respect des défunts

On assiste trop souvent à des messes d’enterrement stéréotypées ou on change juste le nom du défunt. Je viens d’assister à Pont-l’Abbé, à des funérailles respectueuses de la personnalité de la disparue, une bigoudène de 96 ans. Elle a connu dans sa vie, la liturgie en latin-breton, puis latin français, puis tout en français mais avec des cantiques bretons notamment dans les pardons.

Tout breton catholique porte une dévotion particulière. Pour la défunte, c’était Kantik Sant Kom (le cantique de saint Côme, honoré à Plomeur) : Klevit hor pedenn, O Sant Kom, Ho ped truez ouzhomp, Goulennit digant Doue, Baradoz d’hon ene (Saint Come, écoutez notre prière, ayez pitié de nous, demandez à Dieu le paradis pour nos âmes).

Le paradis c’est évidemment le but de tout chrétien. Le célébrissime Kantik ar baradoz (cantique du paradis) qui va chercher ses racines dans les profondeurs du Moyen-âge a laissé la place pour l’occasion à une autre antienne : Baradoz dudius, bro ar sent eo va bro, A! pegen evurus e vin-me bepred eno ! En neñv salver Jezuz, Na pegen evurusted ! An daeloù hirvoudus, Ar boan, a vo tremenet ( Paradis désiré, pays des saints, j’y serai éternellement heureux, Au ciel, sauveur Jésus que de joies ! les larmes, les lamentations, les douleurs feront partie du passé).

Instant d’émotion quand la famille s’exprime en français, puis le coeur parle…en breton : It e peoc’h mammig karet, kenavo er baradoz, (Partez en paix, chère petite mère et à bientôt au paradis) ; hommage appuyé du prêtre qui salue la défunte dans sa langue maternelle et lui dédie ces paroles sublimes de Xavier Grall : « Comme la vie était jolie dans ma Bretagne bleue ! »

À Pont l’Abbé, la célébration ne pouvait se terminer que par le cantique  Itron Varia Garmez (Notre-Dame des Carmes) : A-bell zo, C’hwi zo bet, Mamm ha Skoazell hon tud kozh, leun a feiz. Pa oac’h gant an holl amañ ha karet ha meulet. Daoust ha n’eo ket, Mamm dener, laosket hor c’hredennoù ? Ha n’eo ket en ho keñver yenaet ar c’halonoù ( Depuis longtemps, vous avez été la mère et le soutien de nos anciens très croyants, quand vous étiez louée et aimée par tous. Est-ce que nous n’avons pas délaissé nos croyances et laissé nos coeurs se refroidir à votre encontre douce mère ?).
Rajoutez à cela les chants en latin : Gloria, Sanctus, Agnus Dei, il y a là une alchimie, une profondeur, un enracinement qui créent l’émotion et le respect.

Pennad orin / Texte original

Kantik Itron Varia Garmez

Patronez dous ar barrez
O gwerc'hez venniget
Itron Varia Garmez
Hor mamm muiañ karet,
Eus barr an neñvoù, klevit Pedenn ho pugale.
Ha diouzh peb droug diwallit
Hor c'horf hag hon ene

1. A-bell 'zo, gwerc'hez santel
Er c'horn-mañ eus a Vreizh
C'hwi zo bet, Mamm, ha skoazell
Hon tud kozh, leun a feiz ;
'vit merk eus ho trugarez
Amañ na kaerañ ti
O deus savet ar C'harmez
Evit dont d'ho pediñ

2. Mar deo bet ar bevañ
En amzer dremenet
Pa oac'h gant an holl amañ
Ha karet ha meulet
Daoust ha n'eo ket, Mamm dener
Laosket hor c'hredennoù ?
Ha n'eo ket en ho keñver
Yenaet ar c'halonoù ?

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin