Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1919 : Premiers débats sur le droit de vote des femmes

En pleine reconstruction après le conflit de 14-18, les démocraties occidentales accordent les unes après les autres, le droit de vote aux femmes, suivant ainsi un mouvement amorcé dès 1893 par la Nouvelle Zélande. En France, le vote des femmes est soutenu par l’Eglise comme on peut le lire dans le numéro de juillet 1919 de Feiz ha Breiz (Foi et Bretagne) : Hirie, er broioù lec’h ma vot ar merc’hed evel er Finland, en Amerik, en Bro Saoz, en Aostrali, o deus bet lakaet ober lezennoù mat, dreist holl war ar pezh a aparchant ouzh o stad o-unan (Aujourd’hui, dans les pays qui ont donné le droit de vote aux femmes comme la Finlande, les États-Unis, l’Angleterre l’Australie, elles ont fait voter de bonnes lois, surtout en ce qui concerne leur propre statut).
L’auteur, Erwan ar Moal, rappelle avec juste raison qu’ avant la Révolution, les femmes votaient pour les conseils paroissiaux, ancêtres des conseils municipaux. Biskoazh n’o doa graet falloc’h implij anezhañ eget ar baotred. (Elles n’avaient jamais utilisé ce droit plus mal que les hommes). Ce droit, malgré les efforts du député de Guingamp, Pierre Guyomar, ne fut pas accepté par les révolutionnaires. Il faut attendre mai 1919 pour qu’une proposition de loi soit discutée devant l’Assemblée nationale : Hon deputeed, aon da vezañ kaset da c’hwezhañ brulu da Venez-Bre gant ar baotred a zo distroet eus ar brezel a c’halv sikour digant ar merc’hed abalamour da harpañ o stal (Nos députés, de peur d’être contraints d’aller humer les digitales sur le Menez Bre, par les soldats revenus de la guerre, demande de l’aide aux femmes pour garder leurs sièges).

Dans la position favorable de l’Eglise catholique, il faut voir surtout la défense des intérêts de la famille : Dre natur, ar plac’h zo difennourez an tiegezh, ha ma teufe dezhi kaout galloud da votiñ, n’eo ket lavaret ne wintrfe ket d’an traoñ al lezennoù savet ken stank a-eneb (Par nature, la femme défend la famille, et si elle peut voter, ce n’est pas dit qu’elle ne jette pas aux orties les nombreuses lois qui vont contre).
Le fait que le pape Benoit XV soutiennent le vote des femmes en juin 1919 va être contreproductif en France puisque les radicaux-socialistes, majoritaires au sénat, soupçonnant les femmes de voter « clérical » bloqueront toute évolution jusqu’en 1945.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

 

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Ar Moal (Erwan), Ar merc'hed o voti, in Feiz ha Breiz, N°1, Gouere 1919, P.26,
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/21ec800c0e48df29cf293bcb44054954.pdf

Le Nours (Corentin), Lezenn ar vot, in Le courrier du Finistère, 31 Mae 1919,
http://mnesys-viewer.archives-finistere.fr/accounts/mnesys_cg29/datas/medias/collections/bibliotheque/presse/4MI020/FRAD029_4MI_020_1919_05_03_001_1919_05_31_004.pdf

Verjus (Anne), Députés et sénateurs dans les premiers débats sur le suffrage des femmes,
https://www.persee.fr/doc/polix_0295-2319_2000_num_13_51_1104

Guyomar (Pierre), Le partisan de l'égalité politique entre individu, 1793, 20p.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k567053.r=Guyomar%20pierre?rk=64378;0

Wright(Julian), Pluralism and the idea of the Republic in France, 2012,
https://books.google.fr/books?id=wI3k3fKIFQoC&pg=PT158&lpg=PT158&dq=merc%27hed+vot&source=bl&ots=Hot3bR73WA&sig=ACfU3U3MZMH_a606nQk6dT7QhzdLQBHvIw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj2l8PhjproAhURXxoKHXxRAFEQ6AEwBXoECAoQAQ#v=onepage&q=merc'hed%20vot&f=false