Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

Femmes de lettres en Bretagne : des accents vivifiants pour la littérature bretonne

Les éditions Goater de Rennes viennent de publier un panorama des femmes écrivaines en Bretagne. Beaucoup découvriront les grands plumes de langue française, mais originalité de l’ouvrage, il donne toute sa place aux littératures de langue bretonne ou gallèse. 

Fines observatrices des dérèglements de ce monde, nos écrivaines savent dénoncer l’inconscience humaine à l’image d’Anjela Duval : Bac’het ac’h eus an tan ! Bac’het an dour ! Bac’het al lavar hag ar son e kaoued ar skingomz, Bac’het ar skeudenn hag al liv a-dreñv gwerenn ar skinwel, Plantet da vanniel war al loar ha da enebour en toull-bac’h ha lakaet da Zoue ez kodell. Un dreistden out. Bez lorc’h ennout. Tra ma vi… (Tu as maitrisé le feu, mis l’eau en réservoir, enfermé la parole et le son dans une boîte, placé l’image et la couleur dans la télé. Tu as planté ton drapeau sur la lune, enfermé tes opposants, caché ton Dieu dans ta poche. Tu es un surhomme, tu peux en être fier. Tant que tu existeras…)

Naig Rozmor fait le même constat de l’uniformité triste du monde en devenir : Ne glevan ken pa yan d’ar vered nemet an avelioù unton (Je n’entends plus quand je me rends au cimetière que des vents monotones). Et la poétesse de s’écrier « Les jeunes devraient mordre à la vie et au breton. Il faut que l’éclair jaillisse ! » Et c’est cet éclair qu’on retrouve chez les contemporaines :
Orjal dreinek, muzelloù repuidi, nevez-amzer vrein ( Barbelés, lèvres de réfugiés, printemps pourri) s’exclame Fanny Chauffin dans un haiku rageur. Nolwenn Korbell s’insurge contre le déracinement linguistique : Aet int d’ar vourc’h da zeskiñ gerioù an estren ‘lare dezho oant moc’h. Fur int bet, sentus, rostet gant ar vezh, ken neusont lonket, dislonket ha kac’het o yezh ( Ils sont allés à l’école du bourg apprendre la langue de ceux qui les traitaient de « cochons de Bretons ! ». Sages, obéissants, rouges de honte, ils ont caché leur langue, l’ont rejetée et abandonnée).

Pas tous ! Annie Coz a trouvé les mots pour magnifier son retour à la langue maternelle : Emaon o vont da zigeriñ bras an nor da gerioù ha d’ar fromoù difoupet eu kreiz mab-den e amzerioù kozh-meurbet… Ra zassonno heson o muzik el lec’h ma vint kaset gant froudennoù an avel lirzhin. (Je vais retrouver les mots et les sentiments nés du coeur des hommes dans des temps immémoriaux…Que résonne leur musique sur les ailes des vents joyeux). Avec une belle pertinence, les femmes donnent incontestablement le la de la littérature brittophone contemporaine.

 

 

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Goater (J.M.), Pairel (G), Roy (G),Thomas (C), Femmes de lettres en Bretagne, éd Goater, 2021.