Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1981 : Anjela Duval : L’amour de la terre natale un message universel 40 ans après sa mort

Le 7 novembre 1981, la poétesse Anjela Duval rejoignait sa terre du Trégor. Une terre qu’elle a chanté inlassablement dans une oeuvre poétique qui en fait une des grandes voix de Bretagne. Elle avait trois façons de chanter sa Bretagne : la nostalgie, le constat amer de la fin des terroirs et l’espoir. Les trois se mêle dans ce merceilleux poême Douar Breizh (terre de Bretagne) : Ar merc’hedigoù a gutuilhe va bokidi roz-kamm ‘vel bokidi levenez  ! Ar baotredigoù a rede ar girzhier, ar c’hleuzioù a grape e barr uhelañ ar gwez da vare an neizhoù (Les petites filles cueillaient mes églantines pour en faire des bouquets de joie, les petits garçons couraient les haies les talus grimpaient aux arbres à la recherche des nids). Evito am eus lakaet gerioù war veulgan pep labous, Evito am eus lakaet un anv war bep bleunvenn war c’heotennoù ar wrimenn war wez ar brouskoad, dizolet am eus dezho kevrin pep plantenn (Pour eux j’ai mis des mots sur le chant des oiseaux, sur chaque fleur, sur chaque herbe sur chaque arbre, je leur ai dévoilé le mystère de chaque plante).

Ces écoliers nourris de la nature trégorroise partent chercher du travail à la ville, un crêve coeur pour la poétesse au grand coeur  : Pa yud an avel d’an nozioù goañv e veskan va daeroù gant e vouezh Da c’hervel va bugale disuj A-bouez gerioù graet a zifronkadennoù Gouelañ a ran war va lannegi O lann kaledet O raden flastret o drez o wriat ar spern du Pa dav tousmac’h ar c’hezeg dir Douret gant gwelien flaerius. ( Quand hurle le vent d’hiver, je mêle ma voix à la sienne pour appeler mes enfants insoumis. Des sanglots dans la voix je pleure dans ma lande, une lande rabougrie aux fougères écrasées aux ronces envahissantes quand se tait le tintamarre des voitures d’acier nourries de liquides puants.)

Mais jamais Anjela ne cède au désespoir, écrit en 71, cette ode à la terre la poétesse perçoit les premières ondes de la vague celtique : Douar a garan !Emañ an amzer oc’h oberiañ evidout, Ne glevez ket dija du-hont E menezioù Kerne Kuñv ha kreñv war un dro An delenn o tregerniñ gant sonioù nevez Notennoù ranngalonus o C’hervel d’ar stourm ? ( Terre je t’aime ! Le temps joue pour toi. N’entends-tu pas là bas sur les montagnes de Cornouaille, les accents doux et forts à la fois de la harpe qui vibre de mélodies poignantes qui appelle au combat).
50 ans après, le combat pour la nature, pour le breton, pour la Bretagne est plus que jamais d’actualité. Le nom d’Anjela Duval mérite plus que jamais de briller au panthéon des femmes de lettres.

 

Pennad orin / Texte original

Bac'hañ

A ya ! Bez lorc'h ennout
Dreistden an amzeriad atomek
Bez lorc'h ennout ! Trec'h out ...
Te eo ar mestr ? Chê! Petore labour !
Bac'het ac'h eus an tan !
Ha doñvaet an tredan !
Bac'het an dour !
Bac'het al lavar hag ar son
E kaoued ar skingomz
Bac'het ar skeudenn hag al liv
A-dreñv gwerenn ar skinwel
Bac'het ar sifroù
E kased an urzhierez
Bac'het ar sklerijenn
A-dreñv moger al levrdioù
Ha da enebour en toull-bac'h
Ha lakaet da Zoue ez kodell
Ya ta. Un dreistden out
Bez lorc'h ennout

Tra ma vi...

2 a viz Meurzh 1971
(Oberennoù klok Anjela Duval p.446)

Troidigezh / Traduction

Enfermer

Oui ! soit fier
Surhomme des temps nucléaires
Soit fier ! Tu es vainqueur...
Tu es le maître ? Soit ! Mais quel travail !
Tu as enfermé le feu
Tu as maîtrisé le courant électrique !
Tu as régulé l'eau !
Tu as enfermé la parole et le son
Dans la cage de la télévision
L'image et la couleur
Derrière la vitre du téléviseur
Tu as compressé les chiffres
Dans la cage de l'ordinateur
Tu as enfermé le savoir
Derrière les murs des bibliothèques
Et tes ennemis en prison.
Tu as mis ton Dieu au fond de ta poche
Oui donc Tu es un surhomme
Sois en fier

Tant que tu existeras...

2 mars 1971 ((Oberennoù klok Anjela Duval p.446)

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Duval (Anjela), Oberennoù klok, Mignoned Anjela, 2000

Site Bretania (Bretagne Culture Diversité), recense l'ensemble des documents sur Anjela Duval.