Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1882 : la première rentrée scolaire de l’école laïque et obligatoire sous tension

Il y a 140 ans, au début d’octobre, tous les enfants de 6 à 13 ans ont eu l’obligation d’aller à l’école. Ces lois laïques étaient soutenues par les républicains bretons comme F.M. Luzel : Ho pugale a oufeo holl lenn rag ar Republik a deveuz graet lezennoù nevez : ann holl vugale a c’hallo mont d’ar skol bremaik, ha na gousto netra d’ar re baour. (Vos enfants sauront tous lire, car la République va faire des lois nouvelles. Tous les enfants pourront aller à l’école bientôt, et cela ne coûtera rien aux pauvres).

Cela fut bien sûr contesté car les instituteurs comme les écoles ont été financés par les deniers publics. E Pariz, neus dispignet 4 million evit pourchas magajennoù d’ober skol da c’hedal ma vezo graet palechoù a gousto kant gwech kerroc’h. (Paris a dépensé 4 million pour acheter des entrepôts pour faire école en attendant de dépenser cent fois plus pour construire des palais). Mais à la rentrée de 1882 ce qui fait surtout débat c’est le fait que l’école laïque soit digristen ha dizoue (sans religion et sans Dieu). Les frères et les soeurs sont chassés de leur poste comme au Folgoat :  Heb an distera digarez e vez e leverer dezho : ni a reer deoc’h an diskarg eus ho karg (sans la moindre raison on leur dit : nous vous déchargeons de vôtre charge). Partout les signes religieux sont retirés des écoles : En Havr nevez, ar c’hroazioù a zo distaget diouz ar mogerioù ha taolet en ur bern evel ma stlaper tammoù keuneud. (Au Hâvre, les croix ont été enlevées des murs et jetées en tas comme des fagots).

Il semble qu’en Bretagne la transition se soit faite sans trop de heurts : E Breizh ne greder ket c’hoazh ober re a freuz rak ez eus feiz kreñv (En Bretagne on n’ose pas faire trop de bruit car ici la foi est forte). C’est le cas au Lycée de Brest au grand dam du journal républicain Le petit Brestois : « Pourquoi faire réciter la prière du matin dans les classes ? Supprimez tout cela ! »

Le journal feiz ha breiz (foi et Bretagne) incite ses lecteurs à vérifier si l’esprit de neutralité de la loi est respectée : ret eo e vez savet breuriezhoù tud eveziant ha kristen evit beilhañ war ar skolioù ha diskuliañ raktal kement trubarderezh a c’hellfe bezañ graet war ar poent-se (des confréries chrétiennes doivent veiller sur les écoles et dénoncer les atteintes qui pourraient être faites sur ce point). La rentrée de 1882 ouvrait de longues années de guerre scolaire.
Bernez Rouz

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Loi Jules Ferry, J.O. 29 mars 1882
Le Courrier du Finistère, octobre 1882
Feiz ha Breiz, octobre 1882
Le Finistère, octobre 1882
Le Petit Brestois, octobre 1882