Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

La « disput », un genre littéraire très prisé au XIXème siècle : focus sur la querelle entre vin-cidre-bière et hydromel

Le procédé est classique : on prend un cantique bien connu de tous « Jezus pegen bras vez» (Jésus que vous êtes grand) et on compose sur cet air populaire de nouvelles paroles moins catholiques. La disput  est un dialogue rimé entre personnages incarnant les boissons alcoolisées de l’époque. – Ar gwin (Le vin) : Me zo bet invantet e-barzh derou ar bed. Noë kozh te oar mat en em vezvas lirzhin (J’ai été inventé dès la genèse du monde, Le vieux Noë, tu le sais bien, s’enivra heureux). – Ar Jistr (Le cidre) : Te oar e oa gwechall anveet an aval ! En baradoz an Douar, oa avalou hep mar  ( Le cidre est connu dès les temps anciens, dans le paradis terrestre il y avait des pommes).

Et le premier de répliquer : – War daolioù ar Briñsed, hag er festoù hep fin, na vez lonket nemet gwin. ( Sur la table des princes, dans les banquets sans fin, on ne boit que du vin). Le cidre lui est la boisson du peuple. – Gant ar paour on karet, gant ar c’houer enoret ! (Je suis aimé des pauvres et honoré des paysans).
Survient la bière (Ar bier) qui argumente : – En ostalerioù Breizh, ar bier war ma feiz, a drec’h war ar gwin gwenn, ha war ar jistr melen, rak me ‘zo marc’had-mat, evel champagn me a vous, evel, chistr me zo dous, n’on ket ur boeson fall, Na rentan ket meo dall ( Dans les bistrots de Bretagne, la bière remplace le vin blanc et le cidre jaune, car moi je suis bon marché, je mousse comme le champagne, je suis douce comme le cidre, je ne suis pas une mauvaise boisson car je ne rend pas les gens ivres).
Et voici que survient un quatrième larron l’hydromel (ar chufere): – ur paour-kaezh boeson kozh zo dilezet henozh, hogen respet deoc’h an dourvel zo koshoc’h ( une pauvre boisson abandonnée aujourd’hui, mais sauf votre respect, c’est la plus ancienne).

C’est la bière qui siffle le coup de sifflet final par un accord digne de la sagesse légendaire d’ Yves Héloury : Hallo kamaraded, Un akord a vo graet : Ar gwin d’an aotrounez, D’ar varzhed chufere, Ar jistr en holl dier hag en davarn, bier ! (Allez camarades, on va faire un accord : le vin aux messieurs, l’hydromel aux poètes, le cidre dans toutes les maisons et la bière dans les bistrots). 

Tiré sur feuilles volantes, ce type de chansons se vendait par centaines dans les marchés avant la Grande Guerre.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Taldir, Disput etre ar gwin, ar chistr, ar bier hag ar chufere, war lec'hienn Kan.bzh