Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

2022 : Le breton d’Enez Sun (île de Sein), un vocabulaire de la pêche exceptionnel dans un livre bilingue “Paroles de Sénans”.

Le breton de l’île de Sein, tout à fait origininal, matiné d’expressions léonardes et Cornouaillaises a conduit Yann Riou et Pierre-Yves Kersulec a lui consacrer une bonne dizaine d’années de collectage. La moisson est d’importance car l’usage de la langue est particulièrement vivace sur l’île. Ainsi on apprend qu’il y a deux mers à Sein : ar mor dehou (La mer de droite) au sud et ar mor c’hleiz (La mer de gauche) au nord. Plusieurs termes sont typiques de l’île : Krank-tan (crabe dormeur), ambreg (dévert de courant), arac’h (étale de basse-mer), Breo (remous), mouldroenn (tourbillon de mer), fritikoù (viscères).
Ce qui étonne souvent c’est la prononciation bredoneg pour brezhoneg (langue bretonne) ou encore neidi pour neizhi (nids), bourd pour bourzh (bord).

Mais laissons la parole aux sénans : An torbod e veze pesketed en neve-amzer hag e veze dao mond d’ar vered nê. Er vered nê e alleur pesketa forz petra, forz peseurt pesked. An dra-ze zo en nord d’ar Mean,ha peall e kornog zoken, d’ar Mean, edi ar Vered-nê, pegur mechañs so kolled a-vouenn a vagou aze. (On pêchait le turbot au printemps et il fallait aller jusqu’au nouveau cimetière. Là on pouvait pêcher de tout, n’importe quels poissons. C’est au nord d’Ar-Men, et loin vers l’ouest que se trouve le nouveau cimetière puisque pas mal de bateaux ont probablement fait naufrage là-bas.)

Celui qui voit Sein voit sa fin, dit le dicton. Le livre évoque nombre de naufrage comme celui du Paotr tin en 1961 : Yade or chaluter ‘z ar Gilvineg hag e oa êd dindan. Chetu deued oar a-benn da zavetei tri, hag ar bevare… deud a-benn gat eur gaf ha oa deud a-benn da atrapaod nea… Ni baoa en em divisked d’ober deu dilad apeupes sec’h. Deud oar a-benn da stafani deu un dra bennag vit ma ‘vezent ked chomed blod aneu. (Il y avait un chalutier du Guilvinec qui avait coulé. On avait réussi à en sauver trois et le quatrième on avait réussi à l’attraper avec une gaffe. On s’était alors déshabillé pour leur donner des habits a peu près secs. On avait réussi à leur bricoler quelque chose pour qu’ils ne restent pas trempés).

Et il y a bien sûr les légendes : bag ar sorserez (Le bâteau de la sorcière), Ahez ar Gi-Veur ( la sirène du Geveur), bizoù ar gemenerez ( la bague de la couturière). 464 pages de breton pur jus avec la traduction littérale en face. Belle initiative de Yoran Embanner !

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Pierre-Yves Kersulec, Yann Riou, Paroles de Sénans, Yoran embanner, Fouesnant, 2022, 464p.

Yann Riou, Christian Fagon, Trésors du breton de l'île de Sein, An alarc'h embannadurioù, 2015.