Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

Le saut des poissonniers (gliberezh ar varc’hadizion pesked) : une tradition du lundi de Pâques à Pontivy

Pâques marque la fin du Carême dans le monde chrétien. Pendant quarante jours, bouillies, galettes et poissons ont été au menu des gens. Pour les marchands de viande, c’était le chomage technique. Pour les marchands de poisson c’était une période faste. Á Pontivy cette tradition marque la revanche des bouchers sur les poissonniers.

Da lun fask en em dolpe holl dud kêr Pondi e-tal ar c’hoc’hu. Eno e oa degaset ur c’harr goullo lec’h ma veze graet d’ar varc’hadizion pesked krapañ, ar merc’hed hag ar baotred. Kigerien kêr en em lakae neuze diouzh ar c’harr hag her stleje betek ar Blañvezh. (Le lundi de Pâques tous les gens se regroupaient aux halles de Pontivi. On y faisait venir une charrêtte dans laquelle devaient monter les marchands de poissons, filles et garçons. Les bouchers de la ville traînaient alors la charrette jusqu’au Blavet).

Ce cortège était l’occasion d’un défoulement général : Ar sellerion o vonet war o lerc’h en ur riotal, en ur gannal, en ur huchal en ur ober goap war ar re o doa gwerzhet pesked fall pe re ger tro ar c’horaïz. ( Les spectateurs les accompagnaient en se moquant d’eux, en les battant, en leur criant dessus pour avoir vendu de mauvais poissons à des prix trop élevés pendant le Carême).

Les « bourreaux » choisissaient un coin bien profond de la rivière pour réaliser leur forfait : Neuze e lezent ar c’harr da vonet, e-pad ma tarzhe kreñvoc’h kreñv c’hoarzherezh an dud, o hucherezh hag ivez skuermerezh ar re a oa er c’harr dreist holl ar merc’hed. Emberr e rudellent kej-mej er Blañwezh ha bec’h gante diouzh en em dennañ tre get o lavregadoù pe brozhadoù dour yen. (Alors ils lâchaient la charrette pendant qu’éclataient de plus en plus fort la rigolade générale et les cris de ceux qui étaient dans la charrette, surtout les femmes. Et les voilà précipités sans dessus-dessous dans le Blavet avec mille misères pour se tirer de là à cause de leurs pantalons ou de leurs jupes trempés d’eau froide).
Et on avait prévu le réconfort : Ur goad tan evit sec’hiñ ar re glebet ha roiñ dezhe evel digoll, gwin tomm ha kig bevin. Gonidet o deveze int a-walc’h ( Une flambée pour sécher les gens trempés avec comme consolation du vin chaud et de la viande de boeuf. Ils en avaient assez bavé comme celà !)

Cette tradition du XVIIIème siècle que nous raconte Loeiz Herrieu dans l’Ouest éclair, ouvrait une semaine de jours fériés. La Révolution abolit ce privilège et Napoléon lors du Concordat ne conserva que le Lundi de Pâques. Profitons en !

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Loeiz Herrieu, Koareiz guéharal, in Ouest-Eclair, 16 mars 1939

Le blavet au fil de l'eau au temps des droits seigneuriaux, in Ici et là, magazine du centre Bretagne, 
Le saut des poissonniers à Becherel (35) in La France pittoresque, 1930, lire en ligne