Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1920 : Les 77 dictons bretons recueillis par le linguiste norvégien Alf Sommerfelt à St Pol de Léon.

Etudiant en linguistique à Paris, Alf Sommerfelt séjourne à St Pol de Léon l’été 1918 pour les besoins de sa thèse de doctorat. Au-delà de la description technique du breton du cru, il nous livre une moisson de 77 dictons locaux, miroir de la sagesse populaire.
La météo occupe une grande place dans la vie de nos compatriotes : E miz Mae, glav bemdeiz a zo re, ha glav beb eil devezh a zo re nebeut (Au mois de mai, de la pluie tous les jours c’est trop, tous les deux jours c’est trop peu !) ou encore N’eo ket un devezh tomm a ra an hañv, nag ur devezh yen ar goañv (Ce n’est pas une journée chaude qui fait l’été, ni une journée froide qui fait l’hiver) . Quant à celui-ci,  kanevedenn diouzh an noz, glav pe avel antronoz ( Arc-en-ciel le soir, pluie ou vent le lendemain), il demande à être vérifié statistiquement mais la formule est jolie.

Les travers humains sont bien sûr brocardés. Le célèbre E lec’h ma staot ar c’hi e staot daou pe dri (Là où pisse un chien, deux ou trois font de même) fustige le suivisme. Un autre pointe les individus irrécupérables : An hini a zo sot yaouank flamm, evit koshaat ne fura tamm ! (Celui qui est sot dans sa prime jeunesse ne devient pas sage en vieillissant).
Les tracas domestiques sont aussi une source intarissable : En ti-se ez eus muioc’h a voged evit a dan (Dans cette maison il y a plus de fuméee que de feu). Etre bezañ naet ha loudour n’eus nemet ur berad dour ( Entre la propreté et la saleté il n’y a qu’une goutte d’eau). Bugale vihan, poan vihan, bugale vras poan vras (Petits enfants, petits soucis, grands enfants, grands ennuis).

Ce bon sens nourri par l’expérience se veut aussi école de la vie : Al logodenn n’he deus nemet un toull a zo paket buan (La souris qui n’a q’un trou est vitre attrapée) ou encore N’eus pesk hep drein (Il n’y a pas de poissons sans arêtes), n’eo ket gant taboulinoù mont da baka kezeg foll ( Ce n’est pas avec des tambours qu’on attrape des chevaux affolés).

Et comme on est dans le Léon, il faut que le travail rapporte :  N’heller ket bevañ gant dour sklaer hag aer an amzer (On ne peut pas vivre d’eau fraîche et de l’air du temps) et malheur aux profiteurs : N’eo ket an hini a ra al labour a zebr anezhañ (Ce n’est pas celui qui fait qui profite). Nous terminerons ce florilège avec cette maxime shakespearienne : Ne c’heller ket bezañ ha bezañ bet, (On ne peut être et avoir été) !
Alf Sommerfelt par ses travaux sur les langues celtiques reste une référence pour le breton, le gaélique et le gallois.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Sommerfelt (Alf), Le breton parlé à St pol de Léon, Rennes 1920.  2ème édition, Paris, Campion, 1921
Sommerfelt (Alf), Le breton parlé à St pol de Léon, Nouvelle édition, Oslo, 1978, notes de F. Falc'hun.