Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1919 : Les stocks américains pillés à Brest et à Saint Nazaire (Peilhadeg ar c’hampoù amerikan).

Il y a cent ans, l’affaire Quémeneur-Seznec mettait en exergue l’affaire du pillage des stocks américains en Bretagne. Fañch Gourvil dénonce dans le premier numero de Mouez ar Vro (La voix du pays) daté de janvier 1919 la gabegie qui règne.
Evit milardoù a varc’hadourezh a zo chomet berniet e lec’hioù-zo hag a vije bet dleet o rann ar buanañ ar gwellañ etre an dud eus ar vro ( Des marchandises valant plusieurs milliards sont entreposées dans certains endroits. On devrait les distribuer le plus vite possible aux gens du pays).
L’auteur fait la liste des trésors entreposés : Sukr, kafe, bleud, ispisiri, gwiskamanchoù, mantelloù, kaoutchouk, palennoù gwele, kirri dre dan, mekanikoù da wriat, da skrivañ da gannañ an dilhad. (Du sucre, du café, de la farine, des vêtements, des manteaux, du caoutchouc, des couvertures, des voitures, des machines à coudre, à écrire, à laver).

Le premier effet de l’incurie des autorités, c’est l’abandon des marchandises : Kalz a zo bet lezet da vreinañ dindan an amzer fall. E kamp Montoire (St Nazer) ez eer e plasoù betek an daoulin e-barzh ar sukr teuzet pe ar bleud aet da bri. Ar mekanikoù a vergl dindan ar glav ha prestik an darn vuiañ anezho a vezo mat hebken da werzhanñ d’ar pouez er pilhoù ( On laisse tout pourrir sous le mauvais temps. A Montoire, on rentre dans le sucre fondu ou la farine boueuse jusqu’aux genoux. Les machines sont rouillées sous la pluie et bonnes à être vendues aux ferrailleurs).

Pour les voleurs c’est la curée et l’incompétence des fonctionnaires qui gèrent les camps depuis Paris est telle que le journaliste se demande s’il ne vaut pas mieux ouvrir les portes carrément : Laerezh a zo atav un dra fall, hogen gwelloc’h eo c’hoazh gwelet an traoù o profitout d’unan bennak evit o gwelet o vreinañ da hep mat da zen. Kant ha kant laeron a zo bet arestet hogen an hini ar muiañ kablus, ar stad, en deus graet pep tra evit tentiñ al laeron. (Voler ce n’est pas bien mais il vaut mieux que les choses profitent à quelqu’un plutôt que de les laisser pourrir. Des centaines de voleurs ont été arrêtés, mais le plus coupable, l’Etat, est celui qui a tout fait pour tenter les voleurs).
Quatre ans après, Seznec et Quéméneur étaient encore à traficoter des voitures acquises dans des conditions peu claires dans ces stocks américains. Une affaire démentielle qui a conduit les deux hommes dans l’abîme des affairistes.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Fañch Gourvil, Peilhadeg ar c'hampou amerikan in Mouez ar vro, N°1, 3 janvier 1919

André Chevrillon, Les Américains à Brest, réédition Amazon.
Bernez Rouz, L'affaire Quéméneur-Seznec, éd. Apogée, Rennes, 2005.