Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

Le Catholicon, premier dictionnaire trilingue du monde, un trésor linguistique pour le breton mais aussi pour le français.

Si le Catholicon, écrit en 1464 et publié en 1499 est le père des nombreux dictionnaires bretons, il est boudé par les linguistes français et pourtant c’est un trésor absolu pour mieux comprendre l’évolution de nos langues. Jehan Lagadeuc, de Plougonven, étudiant à l’université de Nantes fit ce dictionnaire pour aider les bretonnants dans leurs études en latin et pour vivre leur environnement gallo -langue d’oil parlée en Haute Bretagne-.

Quoi de plus délectable que krenañ = frémissable et krener = trembleur, frémisseur. Teilat se traduisait par fembréer c’est à dire fumer la terre, fust freilh, le manche de fléau se disait manoil. Dans le registre des animaux bran an dour traduit par cormorage ou encore laouenan par  berrichon. Notre broc’h (blaireau) se disait boudouaut. 

Les emprunts du gallo au breton sont nombreux : buhugenn (vers de terre) est traduit par bugue, bloñset (meurtri) par bloncé et torchenn (natte pour faire s’asseoir les petits enfants) par torche. Morgadenn (seiche) était traduit par morgade et trichin (oseille) par trinchon.

Ce n’est pas le seul intérêt du Catholicon pour l’étude de la langue française. Plusieurs mots cohabitent dans les traductions des différentes éditions : amiegez c’est sage-femme mais aussi baille ; kapiten c’est capitaine mais aussi chevetaine. Le plus comique est brammañ que tout le monde traduit par pèter. A l’époque on disait poirrer ou faire petz. De même un boulanger (baraer) se disait panetier et un maréchal-ferrant (ur gov), un ferron.

Toute une galerie de mots riches de sens ont disparus de la langue française par la volonté unificatrice de l’Académie. Pri (argile) se disait ardille, le verbe duañ de du=noir se traduisait tout simplement par noirdir ainsi que sklaeraat par esclardir ou faire clair. Et que de fraîcheur dans cette ”civière à roue” qui désignait la brouette, en breton gravaz rodellek sans compter les mots sans équivalents en français comme skobitell : ”c’est le molinet que les enfants mettent au bout d’un bâton pour tourner contre le vent”

Le catholicon, premier dictionnaire breton, premier dictionnaire français, premier dictionnaire trilingue du monde est notre monument à la gloire du plurilinguisme. Pourquoi pas une cité des langues de Bretagne à Plougonven, cité du trop méconnu Jehan Lagadeuc ? 

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Pelec'h emañ ar c'hatolikon / Où sont les exemplaires connus du catholicon ?

Manuscrit de 1464
♢Bibliothèque nationale de France
Édition de Tréguier 1499 (Imp. Jehan Calvez):

♢Manchester (UK), John Rylands University Library
♢ Paris (Fr), Bibliothèque nationale de France (BnF, Bibliothèque de l’Arsenal, Coll. Rothschild, etc.)
♢ Quimper (Fr), Bibliothèques Quimper communauté 
♢ Rennes (Fr), Bibliothèque municipale 
♢ Wien (At), Österreichische Nationalbibliothek ♢

Édition de Paris début XVIème (Imp. Jehan Corre)

♢Paris (Fr), Bibliothèque nationale de France (BnF, Bibliothèque de l’Arsenal, Coll. Rothschild, etc.)

Édition de Paris 1521 (Imp. Yvon Quillévéré)

♢Paris (Fr), Bibliothèque nationale de France (BnF, Bibliothèque de l’Arsenal, Coll. Rothschild, etc.)

 

Embannadurioù ar C'hatolikon / Editions fiables du catholicon

  • Le catholicon de Jehan Lagadeuc, advoullet diwar skouer embannadur Jehan Calvez (1499) gant Christian-Joseph Guyonvarc'h, Éditions Ogam-Tradition Celtique, Roazhon (1975), adembannet gant Editions Armeline, Brest (2005).
  • Le Catholicon armoricain de Iehan LAGADEUC kinniget ha treuzskrivet gant Jean Feutren (person Rosko), moullet e 1977 gant Joseph Floch e Mayenne. Reiñ a ra an embannadur-mañ ur faksimile eus ar skrid war an tu dehou, hag un treuzskrivadur gant lizherennoù latin war an tu kleiz, ur bern notennoù war geriaoueg ar galleg ha traoù all. Levr keinet.
  • Le vocabulaire breton du Catholicon (1499) Le premier dictionnaire breton imprimé breton-français-latin de JEHAN LAGADEUC gant Gwennole ar Menn, Skol, 2001 (15 a viz Gwengolo). Roll ar gerioù brezhonek a gaver e-barzh, gant o stumm a-vremañ, ar stumm ma oant bet skrivet en embannadur 1499, hag o zroidigezh c'hallek.

Pennadoù diwar-benn ar c'hatolikon / Articles de fond sur le catholicon breton

Lec'hiad internet diwar-benn ar c'hatolikon
http://www.catholicon.net/bzh_skritur_reizh/degemer.htm

Diwar benn ar yezhoù ofisiel er grenn amzer e Breizh /
Michael Jones, L'usage du français dans les archives de la Bretagne médievale, S.H.A. Bretagne