Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

Après le réveillon, les ”restachoù” suscitent bien des convoitises mais le mot Rest, nom de personne et nom de lieu a bien d’autres significations.

Emprunté au français reste, le breton en a fait restad et au pluriel restadoù ou restachoù. Dans les noces d’antan, le premier jour était réservé aux invités, le second jour à la famille élargie, le troisième jour aux voisins, Goude-se ar re baour teue da glask ar restachoù (ensuite les pauvres venaient cherchers les restants). Mais ne croyez pas pas qu’il ne restait plus rien : Restachoù mat zo mat da gaout dit le dicton (De bon restes sont bons à prendre). Il y avait les, restachoù yod-kerc’h fritet (Restant de boullie d’avoine frite), restad kig bevin bervet ( restes de viande de boeuf boullie), restad bara sec’h ( restes de pain sec). De même pour les liquides : restad boutailh (les fonds de bouteilles), ur restad Champagn ( un reste de Champagne). Les adeptes de la poésie trouveront un écho dans ce poême  : Un dristidigezh skañv en em vesk gant restad va mezventez (Une tristesse légère se mêle à mon retour d’ivresse) on peut lire aussi : Ur restad strafuilh chomet skoachet e don ec’h ene ( Un léger trouble caché au fond de son âme).

Les archéologues l’utilisent souvent : restad ur c’hamp roman (les ruines d’un camp romain), restad diwezhañ ar vur (le dernier restant du mur), restadoù savadurioù evel azeulva Meurzh (Les ruines de batiments comme le temple de Mars).

Le mot rest est très fréquent en toponymie. Les linguistes se partagent entre deux clans : les uns y voient un emprunt au germanique resti avec la signification lieu de repos. Le nom de lieu Rest désignerait donc une résidence secondaire pour les nobles, un petit manoir. Le vieux français reste désignait une place non cultivée dans un jardin, une zone de repos pour la végétation.

Cette explication est contestée car le nom de lieu rest ne se trouve qu’en bretagne bretonnante. Il désignait un essart de landes c’est à dire un espace défriché parmi les landes qui étaient très nombreuses en Bretagne. Ce nom de lieu mais aussi de famille apparait au XIIIème siècle avec la période des grands défrichements. 

Beaucoup de richesses donc pour un seul mot. Il est plaisant de terminer cette chronique par la traduction de la locution franco-latine et caetera trouvée dans un dictionnaire de 1744 : Hag ar rest… 

Bloavezh mat deoc’h, yec’hed ha levenez, ra vo seder ho ploavezh 2024.

Bonne année, joies, santé et sérénité en 2024.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Sur le mot Restad, Restachou

Dictionnaire Devri de Martial Menard lire en ligne
Dictionnaire Meurgorf, Ofis ar Brezhoneg lenn en linenn
Geriadur meur Frañsez Favereau Lenn en linenn

Sur le toponyme Rest
Pierre Hollocou, Les toponymes en Rest de Guiscriff au XVème et XVIème siècle, Bull Soc. Archéo. du Finistère, 1999 pp 273-283
Albert Deshayes, Dictionnaire des noms bretons, Le Chasse Marée/Armen, 1999, P.164