Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1820: Le dictionnaire breton de Coetanlem. Une mine pour l’étude de la langue bretonne et de la vie quotidienne au pays de Morlaix

8384 pages ! Il aura fallu trente ans à Jean de Coëtanlem pour écrire cet ouvrage monumental dans son château de Trogriffon en Henvic. Il a tout simplement repris le dictionnaire de Le Pelletier au 18ème, et il a fait des rajouts et des commentaires passionnants.

Le mot bien connu billig avait droit à deux lignes chez son prédécesseur. La galettoire, méritait mieux puisque Coetanlem y consacre 46 lignes. Il distingue billig-krampouez (poële à crèpes ou galettoire, billig-lostek ou lostennek (poële à queue ou poële à frire), billig dourgennek (bassine à anses), billig krommelleg (bassin a anses courbes pour le suspendre à la crémaillère).

Le pluriel est billigoù, le contenu billigad.

Pour rester dans le domaine culinaire, le mot bara (pain). Coetanlem rectifie son modèle bara gwinizh c’est le pain de froment et non pas le pain blanc qui se dit bara gwenn. Il approuve l’origine du mot français baragouin : bara (pain) et gwin (vin) étaient les deux choses que demandaient les voyageurs en Bretagne. Ce sont les deux mots qu’ils retenaient et l’utilisaient pour désigner péjorativement notre langue. C’est le procès de l’ingratitude contre la bienfaisance écrit’il.

Il nous apprend des composés en usage dans son pays : bara-kan (pain à chanter destiné à la consécration), bara-bihan-boazh (pain peu cuit), bara-bihan-c’ho (pain peu levé), bara hep goell (pain sans levain). Le pain pas assez levé se dira bara panenn, bara ki (pain du chien) ou bara-kon (pain des chiens) et enfin bara braset (pain de gros blé ou mistillon).

On le voit on y apprend tout autant du français de l’époque que du breton.

Mais Coatalem enrichit ses commentaires de citations précieuses : à propos du mot baodreoù, (guêtres, gamaches), il nous donne un extrait d’un chant satyrique du 18ème siècle au sujet d’un paysan enrichit qui met une plume sur son chapeau :

Tomaz Kozden, Glorius hoc’h, Ar bed holl a gomz ac’hanoc’h, Abalamour d’ho plumachenn, A zo keit hag ur skubelenn, Pelec’h emañ ho kozh-chupenn, Ho paodreoù, ho poutoù-prenn ? (T. Cotten, vous êtes glorieux, tout le monde parle de vous à cause de votre plume qui est aussi longue qu’un balai. Où sont votre vieux pourpoint, vos guêtres et vos sabots de bois ?)

Ce monumental travail d’érudition est disponible en ligne sur la bibliothèque numérique ”Yroise” de Brest Métropole.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Dictionnaire breton de Coetanlem, en ligne sur Yroise, bibliothèque numérique de Brest Métropole.

Textes de références sur le dictionnaire de Coetanlem

Symposium de l'Université de Bretagne occidentale, Lire en ligne
Ronan Calvez, Les mots et les causes du dictionnaire de Coetanlem, in La Bretagne Linguistique, N°17, 2013. Lire en ligne
Le Dicopathe, La redécouverte du dictionnaire de Coetanlem, lire en ligne