Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

1790 Kuzul d’an elektourien (Conseils aux électeurs)

Le droit de vote consacré en Août 1789 par La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, est devenu le symbole de la Démocratie. Dès l’adoption de ce texte par l’Assemblée constituante, il est adapté en breton pour être chanté : Droajoù ha deverioù an den hag ar sitoian war don Lucis Creator (Doits et devoirs de l’homme et du citoyen sur le ton de Lucis Creator). C’est sans doute la meilleure façon de vulgariser les avancées révolutionnaires dans une Basse-Bretagne à 90 % monolingue.

An droad en-deus peb sitoaian,
Da c’hallout ober al lezenn,
Da heñvel reprezantoutien
Hag an holl foñksionerien
(Chaque citoyen a le droit de faire la loi, d’élire ses représentants et tous les fonctionnaires).
Les propos des chansonniers bretons trouvent facilement écho à notre actualité proche :
An neb a weler o vont krenn,
Heb mezh a-eneb al lezenn,
Brezel a ziskler an dud-se,
A-eneb ar sosiete.

(Celui qu’on voit sans honte s’opposer à la loi, c’est comme s’il déclarait la guerre à la société).

Le droit de vote est mis en pratique dès les premiers mois de 1790 par les élections municipales. Même si seuls 10% des habitants votent, ce droit nouveau, grand acquis de la Révolution c’est l’inconnu. On voit des prêtres monter en chaire pour donner des conseils aux électeurs. Ho prasañ adversourien a ziskouezo bezañ ho mignoned…Int a vezo bremañ gwell o publiañ ar c’hontrol d’ar pezh a lavarent kent. Ar promesaoù kaer a reont deoc’h ne dint nemet grimasoù ha tromplerezh, lasoù ha danjerioù evidoc’h (Vos plus grands adversaires prétendront être vos amis… On les voit maintenant publier le contraire de ce qu’ils disaient avant. Les belles promesses qu’ils vous font ne sont que grimaces, tromperies, pièges et dangers). La méfiance envers le corps politique ne date pas d’hier. Mais le recteur de Crozon, Louis Graveran, s’il alerte ses ouailles sur les dangers des sirènes politiciennes, les incitent surtout à s’exprimer : Ho sufraj a zo deoc’h. Ar c’haerañ eus ho troajoù, ar santelañ eus ho teveroù a zo d’en em servichout anezhañ ha da selaou nemet ho koustiañs . (Votre voix est à vous. C’est le plus beau de vos droits, le plus sacré de vos devoirs, il faut vous en servir et n’écouter que votre conscience). Ce conseil est plus que tout d’actualité !

Pennad orin / Texte original

DEVERIOU AN DEN

kenta artikl

Deklarasion Droajou an Den,
Peb artikl âne'o a gompren,
Dever al legislatourien
Pere a ra deomp al lezenn.
Met e-barzh ar sosiete
Peb sitoaian a dle gout ivez
En petra konsist e zever
Evit gallout mat e ober

Troidigezh / Traduction

LES DEVOIRS DE L'HOMME

Premier article

La déclaration des Droits de l'homme
Chaque article comprends
Les devoirs du législateur
Qui nous donnent les lois.
Mais dans la société
Chaque citoyen doit savoir aussi
En quoi consiste ses devoirs
pour bien les faire.

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Brezhoneg

Ar Merser (Andreo), 1789 hag ar brezoneg, Brest 1990, Emb. Brud Nevez, Emgleo Breiz.

Français

Bernard (Daniel, La langue bretonne et la Révolution, in Annales de Bretagne, 1912, pp 287-331.
http://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1912_num_28_3_1393