Troveni Lokorn : La grande Tromenie 2025 une tradition millénaire
Du 13 au 20 juillet 2025 le chemin du Tro-Vinic’hi ( Tour du lieu monastique) est ouvert à Locronan. On peut le faire n’importe quand dans la semaine ou participer aux deux grandes troménies organisées les dimanche 13 et 20 juillet. An Troveni Vraz Lokorn e brezoneg a vo dalc’het d’ar Sadorn 19 a viz gouere 2025 da 9 e mintin ( La grande Troménie en breton se tiendra le samedi 19 juillet 2025 à 9 heures). Le dicton dit : An hini ne ra ket an droveni e bev a ra anezhi e marv a-hed e serch bemdeiz. ( Celui qui ne fait pas la troménie de son vivant la fera après sa mort d’une longueur d’un cercueil par jour).
Ce grand évènement religieux est célébré depuis le Moyen-Âge au moins comme nous le rappelle le wikipedia en langue bretonne : Adalek an XIIved kantved e oa deuet an droveni vras da vezañ unan eus gouelioù relijiel brasañ Breizh. Dont a reas Sant Erwan betek eno ha diwezhatoc’h e teue an duged o-unan alies (Depuis le XIIème siècle la troménie de Locronan est devenu l’un des plus importants pélerinages de Bretagne. Saint Yves le fit ainsi que plusieurs Ducs de Bretagne). La tradition est cependant préchrétienne comme l’affirme le chercheur Donatien Laurent : Traoù zo, evel an niver a arsavioù (daouzek) pe mareadegezh an droveni vras (bep 6 vloaz) a laka Donatien Laurent da lavaret e savje al lid-se d’ur mare rakkristen hag e vije ennañ roudoù eus an deiziadur keltiek kozh. ( Certains indices comme le nombre de haltes et la periodicité de la Troménie (tous les 6 ans) marquent une origine préchrétienne. On y trouverait les traces du calendrier ancien celtique).
Dans le journalisme bretonnant, deux des plus grands écrivains Youenn Drezen et Jakez Riou participèrent à la Troménie de 1929 : Youenn Drezen nous raconte comment Saint Ronan ne serait pas dépaysé s’il revenait la faire au début du XXème siècle : Kemeret o deus an dud ar skouer warnañ : ober e dro, ouzh kan al laboused, war ar maezioù didrouz : gant an trompilhoù, hag an taboulin, banielloù ha kroazioù, miliadoù a gristenien da heulh, e-pad teir lev, dre ar memes hent atav. Anaout a rafe ar gwenodennoù, ar parkeier, an dourioù-red, ar menez. Mor Douarnenez a zo aze bepred, hag ar Menez Hom ivez hag ar vro a zo ker brav ha gwechall. Ur souezh all en defe : gwelout iliz Lokorn unan eus ar re gaerañ e Breizh-Izel, hag ar Peniti gant e vez end-eeun, ur prof eus an dukez Anna. An holl draoù kaer-se a zo bet savet en e enor. N’oa ket a-dra-sur e soñj a gement-se. ( Les gens ont suivi son exemple : faire sa troménie, accompagné par le chant des oiseaux dans la campagne silencieuse. Avec les tombours et les bombardes, les bannières et les croix, des milliers de chrétiens suivent le même tracé que lui sur trois lieues. Ils reconnaitrait les chemins, les champs, les ruisseaux, la montagne. La baie de Douarnenez est toujours là ainsi que le Menez Hom et le paysage est toujours aussi beau qu’avant. Il aurait une autre surprise, l’église de Locronan une des plus bvelles de Basse-Bretagne et la sacristie avec son tombeau, un don de la duchesse Anne. Tout ceci élevé en son honneur.)
Jakez Riou raconte lui sa procession, et déjà à l’époque les touristes sont nombreux, voici ce qu’il en dit : Arabat tamall an douristed, ma zigouezhont amañ hag a-hont pa zegouezhomp-ni. Pa ‘ z eomp d’ur vro bennak, e karomp gwelout pardonioù kaer ar vro-se, ha lagad du a rafemp ouzh an hini a gredfe kavout abeg ennomp. Lezomp eta anezho da welout traoù kaer hor bro. Nemet goulennomp diganto dont d’hor pardonioù, nann e-giz touristed, hogen e-giz pardonerien gwirion. ( Il ne faut pas reprocher aux touristes que nous croisont ici ou là. Quand nous allons ailleurs nous aimons aussi voir les jolis pardons de ces pays, et nous ferions les yeux noirs à ceux qui nous reprocherait d’y être. Laissons les voir ce qu’il y a de beaux chez nous, cepêndant demandons leurs d’ assister à nos pardons, non comme touristes mais comme pardonneurs).
Notre écrivain avait déjà posé le problème du surtourisme il y a 100 ans. Qu’en penserait ‘il aujourd’hui devant les forêts d’appareils photos qui captent l’évènement, sans y participer.
Photo ci dessous: Troménie de 1929. Cliché Youenn Drezen, Fonds Youenn Drezen, Médiathèque de Quimper.

Pennad orin / Texte original
Istor Troveni vurzhudus Sant Ronan
Re domm a oa bet an amzer, ha setu ma darzhas an arnev e-kreiz ar gousperoù. Ur glav-mor, ur glav puilh, peadra da veuziñ an holl gristenien a oa deuet, evel pep c'hwec'h vloaz, da ober an Droveni. Hag ouzhpenn glav e oa kurun, luc'hed hag avel gouez. Kebenn gozh, hep mar ebet, he doa kavet an tu da guitaat puñs an ifern, hag a oa deuet, ur wech ouzhpenn, da ober reuz d'e enebour. An Aotrou person, ar sakrist, paotred ar c'hroazioù hag ar bannieloù, hag an holl dud a skrabe o fenn gant an nec'hamant. Ret e oa bezañ droch ha diskiant evit soñjal mont er-maez gant ar prosesion : teir lev dindan ur seurt amzer, nann, ne dalveze ket soñjal. An arnev a bade. Kanet e voe kantikoù ha lavaret ar chapeled, ha pa ne ehane ket ar glav, an Aotrou Person a lavaras : "Ne vo ket graet an Droveni". Neuze eo e c'hoarvezas an dra vurzhudus. Ar banieloù bras e voulouz neudet, ar c'hroazioù aour hag arc'hant, patromoù ar sent, ar relegoù santel, a fiñvas hep ma oa den krog enno. Treuzañ a rejont an iliz penn-da-benn. An nor bras a zigoras frank hag ar prosesion hep kristenien, epad m'edo ar c'hleier e bole o-unan, a sankas war-zu hent Douarnenez, daoust d'an avel ha d'ar glav. An Aotrou sant Ronan a reas e droveni e-unan. An istor-mañ a zo kozh ; marteze zoken n'eo ket c'hoarvezet. Hogen daoust ha n'eo ket kaer meurbet ha leun tenn a gentel ?
Youenn Drezen, War roudoù Ronan en-dro da Lokorn, in Le Courrier du Finistère, N°2577, 6 a viz Gouere 1929
Troidigezh / Traduction
Histoire d'une troménie miraculeuse à St Ronan
Le temps était trop chaud, et voici que l'orage éclate au milieu des vêpres. Une pluie de mer, une pluie torrentielle, de quoi noyer tous les chrétiens qui étaient venus comme tous les 6 ans faire la Troménie. Et en plus de la pluie il y avait le tonnerre, les éclairs et un vent sauvage. La vieille Keben avait réussit certainement à s'échapper de l'enfer et à venir perturber son ennemi, Ronan. Le recteur, le sacriste, les porteurs de croix et d'enseignes se grattaient la tête bien embêtés. Il fallait être sôts et stupides pour faire procession à l'extérieur : trois lieues sous ce temps il ne fallait pas y songer. L'orage durait. On chanta des cantiques, on égrena des chapelets et comme la pluie n'arrêtait pas le recteur dit : " On ne fera pas la Troménie". Alors survint le miracle. Les grandes bannières brodées de velours, les croix d'or et d'argent, les statues de saints, les saintes reliques, se mirent en mouvement sans que personne ne les porte. Ils traversèrent l'église, la grande porte s'ouvrit et la procession sans chrétien pris la route de Douarnenez sous les volées des cloches malgré le vent et la pluie. Monsieur Saint Ronan fit sa troménie tout seul. Cette histoire est ancienne, peut être qu'elle n'a jamais eu lieu. N'est elle pas belle et n'est elle pas un bel exemple ?
Youenn Drezen, Sur les traces de St Ronan autour le Locronan, in Le Courrier du Finistère, N°2577, 6 juillet 1929.
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
E brezhoneg / en breton
X, Tromeni Lokornan, in Le Courrier du Finistère, 22 juillet 1911, 29 juillet 1911 lenn en linenn
Youenn Drezen, War roudou Ronan en-dro da Lokorn, Le courrier du Finistère, 6/07/1929 lenn en linenn
Jakez Riou, Pardon bras an Droveny, in Le Courrier du Finistère, 27/07/1929, lenn en linenn
Wikipedia Bzhg, Troveni, lenn en linenn
En français / E galleg
Anatole Le BRAZ, La troménie de Locronan, La Revue Hebdomadaire, Nourrit et Cie, Paris, 1894, p196-218 et 359-380
Maurice Dilasser, Locronan et sa région, Nouvelle librairie de France, Paris, 1979.
Donatien Laurent, La Troménie de Locronan, in La Nuit Celtique, pp 87-110
Anne Gouerou, La Troménie de Locronan, Yoran Embanner, 2025.
Mémoires de Locronan, La Troménie lire en ligne