Mouezhioù Breizh : Marthe Vassalo aux sept vents des cultures du monde
Comme beaucoup d’interprètes du répertoire breton c’est le concours annuel du Kan ar bobl (Chant du peuple) qui a sonné le départ de la carrière de Marthe Vassalo. Cette trégorroise nourrie de son terroir bretonnant chante du kan ha diskan ( Chant à danser) avec le groupe Loened fall ((Sales bêtes).Mais très vite elle explore toutes les facettes du chant traditionnel (Gwerzioù (complaintes), sonioù (chants) sans oublier les compositions de son cru. Son admiration pour les grandes chanteuses et conteuses traditionnelles se révèle dans le spectacle Marivonne la Grande. Son ar bezhin gwenn (La chanson du goemon blanc) est riche des espoirs de ces jeunes trégorroises du temps jadis : Soñjet am moa mont da Bariz met retournet on war va c’hiz, Deomp da jargota bugale, n’anvezimp ken ar baourentez, eus an daere betek ar gourlenn, e vez ar sac’hajoù war hon fenn, Ha diskuizhañ war ar c’herreg kazi sammet e-giz muled , neuze e yafemp d’an Treou, d’ober hor marc’hajoù (J’avais pensé partir pour Paris, mais j’ai fait demi tour. Allons au goémon, mes enfants on ne connaitra pas la misère. De marée basse à marée haute on a nos sacs sur la tête, Chargées comme des mulets, On se reposera sur les rochers, Puis on ira au Trevou faire des emplettes…)
Nourrie de cette fibre populaire Marthe Vassalo fait feu de tout bois : theâtre, cinéma, opera, jazz, oratorio, choral, trio de Femmes, et toujours cette complicité avec le groupe de départ Loened Fall avec qui elle signe Vel ba’r ger (comme à la maison). Ce retour permanent aux sources, elle le chante dans un magnifique texte An distro (le retour) : N’eus ket a harz d’ar c’hoant foetañ bro, N’eus ket a harz, eme boked ar c’hleuz, Pa vi skuizh o foetañ e teui en-dro. Ken aezet eo dilezel kerent ha mignoned, Aezet eo ober fae deus an donañ gwrizioù… Soñj peus deus mouez ar c’hleuz ha c’hwezh ar rinier, Digor e oa hag ar goleier tout war enaou (On n’empêche pas l’envie de courir le monde disaient les fleurs du talus, quand tu seras lasse tu reviendras… C’est si facile d’abandonner parents et amis, c’est facile de faire fi de ses racines profondes, Tu te rappelles la voix du talus, et l’odeur de la rivière, Là tout est ouvert et toutes les lumières brillent…).
Son tout nouveau spectacle Les fantomes sont des choses qui arrivent fait une large place a ces Mojenn an Ankou (Légendes la mort) qui ont fait trembler nos ancêtres. Un indice ? Le spectacle est produit par l’association Fur ha Foll (Sage et Fou), courrez vite écouter Marthe la Grande !

Pennad orin / Texte original
AN DISTRO
Ha gwir e 'h eo? ’me ar gwez war vord an hent
Gwir eo 'mañ graet da choaz chom du-hont?
Ha gwir e 'h eo? ’me ar gwez war vord an hent
Gwir eo 'mañ graet ganit da soñj?
Lec'h a gari, eme delioù ar gwez
Lec'h a gari, plac'hig, a c'hallez mont
Lec'h a gari eme delioù ar gwez
Pa vi distro, amañ 'vefomp
N'eus ket a harz, eme boked ar c'hleuz
N'eus ket a harz d'ar c'hoant foetañ bro
N'eus ket a harz, eme boked ar c'hleuz
Pa vi skuizh o foetañ e teui en dro
Ha soñj ho peus deus un devezh re bar d'ar re all
’Met e oa sklaer en ho spered
Soñj ho peus deus ho kleñved ha deus ho remed
Ken aezet eo dilezel kerent ha mignoned
Aesoc'h evit ’barzh ar sonioù
Aezet eo ober fae deus an donañ gwrizioù
’Vel ur martolod o welet an aod o kreskiñ dirakañ
A refe un hanter-dro d'e vatimant
Den n'en do glac'har, glac'har a-walc'h da zont d'ho komandiñ
Ne cheñcho buhez ’bet ’met hoc'h hini
Ha soñj ho peus deus un devezh re bar d'ar re all
Soñj ’peus e oa lous an amzer
Soñj ho peus deus mouezh ar c'hleuz ha c'hwezh ar rinier
Digor e oa, hag ar goleier tout war enaou
Na "penaos" na "perak" ebet
Digor 'oa an nor e ti ho kamaraded
Priziusañ poan, ar pistig dizanav en ho kalon
Pa oac'h ken libr da vont evel da chom
Antreet e oac'h en sell d'o'r ho kweladenn diwezhañ
Ha c'hwi er gêr evit ar wech kentañ.
Troidigezh / Traduction
LE RETOUR
Est-ce vrai ? disaient les arbres sur le bord de la route
Est-ce vrai que tu as choisi de rester là-bas ?
Est-ce vrai ? disaient les arbres sur le bord de la route
Est-ce vrai que ta décision est prise ?
Va où tu veux, disaient les feuilles des arbres
Va où tu veux, fillette
Va où tu veux, disaient les feuilles des arbres
Quand tu reviendras, nous serons là
On n'empêche pas, disaient les fleurs du talus
On n'empêche pas l'envie de courir le monde
On n'empêche pas, disaient les fleurs du talus
Quand tu sera lasse de courir, tu reviendras…
*******
Vous souvenez-vous de ce jour tout semblable aux autres
Sinon que les choses étaient claires en votre esprit
Vous souvenez-vous de votre maladie et de votre remède ?
C'est si facile d'"abandonner ses parents et amis"
Plus facile que dans les chansons
C'est facile de faire fi des plus profondes racines
Comme un matelot qui verrait le rivage s'approcher
Et ferait faire demi-tour à son bateau
Personne n'en aura de chagrin, assez de chagrin pour vous commander
Aucune vie n'en sera changée que la vôtre
**********
Vous souvenez-vous de ce jour tout semblable aux autres
Vous souvenez-vous du temps pourri qu'il faisait
Vous souvenez-vous de la voix du talus et de l'odeur de la rivière ?
C'était ouvert, et toutes les lumières allumées
Pas de "pourquoi", pas de "comment"
La porte était ouverte chez vos amis
La plus précieuse des douleurs, ce point inconnu dans votre cœur
Etre aussi libre de partir que de rester
Vous comptiez, en entrant, rendre votre dernière visite
Et vous étiez chez vous pour la première fois.
Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin
Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marthe_Vassallo
Site perso : http://www.marthevassallo.com/
Liens vers les chants cités dans la chronique :
Son ar bezhin Gwenn, Tregor Tv (Sous titré)
Les Fantômes sont des choses qui arrivent, You Tube
Maryvonne la grande, You tube
Les chants du livre bleu, F3 Bretagne, Bali Breizh
An distro, You tube
Kan ha diskan aux Vieilles charrues, You tube