Le Trésor du breton écrit Teñzor ar brezhoneg skrivet
Ce blog s'inscrit en complément de la Chronique Brezhoneg : trésor du breton écrit publiée dans Ouest-France dimanche. Vous y trouverez les textes intégrals et leurs traductions ainsi que des éléments de bibliographie et des liens internet pour en savoir plus. Amzer ar brezhoneg skrivet a ya eus ar bloaz 800 betek vremañ. Kavout a reoc'h amañ ar pennadoù en o hed hag o zroidigezh ha war an dro un tamm levrlennadurezh hag al liammoù internet da vont pelloc'h ganti ma peus c'hoant.

Brezhoneg an hañv- le breton de l’été : ar pardonioù (Les pardons)

Sur les 6000 chapelles en Bretagne, on compte aujourd’hui environ 1200 pardons actifs. Cette tradition religieuse est née de la pratique des indulgences en contrepartie d’un acte de piété. Cette pratique fut dévoyée au XV ème siècle par certains papes : Ar pab Sixt IV a roas kant devezh pardon da c’hounit da gement hini a ya d’ar Folgoad (Le pape Sixt IV donna 100 jours de pardon à gagner à ceux qui vont au Folgoët). Les nobles se laissent attirer par cette incitation papale : Anne de Bretagne vint au Folgoët en 1505 comme le relate le plus vieux cantique breton connu : « Hon Dugez-rouanez o pardoniñ er Folgoad » (Notre Duchesse-reine au pardon du folgoët).

On doit à l’antipape Jean XXIII la célèbre affaire du trafic des indulgences ; il suffisait d’en acheter pour écourter le temps du purgatoire et ainsi, aller plus vite au paradis.

Cette pratique donna lieu à une foire d’empoigne : le cantique de St Yves propose Neb a gano ar c’hantik-mañ gant doujañs Doue a c’hounezo 40 devezh induljañsoù (Celui qui chantera ce cantique gagnera 40 jours d’indulgence). Le cantique de Kerdevot n’est pas en reste : E Kerzevot ez eus induljañsoù ker bras ‘vel a gaver e nep plas, un nombr a 40 deiz gant ar Pab santel int akordet (À Kerdevot, il y a plus d’indulgences qu’on n’en trouve ailleurs, 40 jours sont accordés par le Saint-Père).

La concurrence était rude et pas seulement dans le domaine religieux. Le pardon c’est aussi une fête profane, prolongement logique des rassemblements populaires. Ces fêtes ont fait l’objet de croisades incessantes du clergé comme le décrit Pierre-Jakez Hélias : Ar c’hasgeul a zo anezhañ un ardivink da goll an dud eme an aotrou person … peb barrad-tro a zidroñs ar brozioù voulouz hag a ra da welet dantelezh al lostennoù pezh a zo dizereat-kaer. (Le casse-gueule est un engin de perdition dit le recteur… à chaque tour les robes des filles se retroussent laissant voir les dentelles des jupons, ce qui n’est pas convenable).

Le 26 juillet, on fête à Auray, la seule apparition au monde de Sainte Anne, mère de Marie et patronne des Bretons. Trois ans après l’ouverture du sanctuaire, un cantique de 1628 indique déjà : Diouzh Angers ha Roazhon, Ha diouzh pep kanton o tonet, War-zu he chapel d’He gwelet, (D’Angers et de Rennes, comme de chaque canton on vient la voir dans sa chapelle). 30 000 personnes assistent chaque année au pardon de Sainte-Anne d’Auray.

Pennad orin / Texte original

Troidigezh / Traduction

Gouzout Muioc’h / Pour aller plus loin

Ernault (Emile), Un vieux cantique sur Sainte Anne d'Auray, in Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 1891.
Rio (Bernard), Les pardons bretons, Le Télegramme, 2007.
Le Braz (Anatole), Au pays des Pardons, 1893.
Prigent (Christiane) Les pardons en Bretagne, célébrations religieuses et réjouissances profanes, 
http://kubaba.univ-paris1.fr/2000/fetesrites2/prigent.pdf